Philosophie des sciences
Ne doit pas être confondu avec Théorie de la connaissance.
Ne doit pas être confondu avec épistémologie.
La philosophie des sciences est la branche de la philosophie qui étudie les fondements philosophiques, les systèmes et les implications de la science, qu'il s'agisse de sciences naturelles (physique, biologie, etc.) ou de sciences sociales (psychologie, économie, etc.).
La philosophie étant la science des énoncés, en parallèle la philosophie des sciences est la science des énoncés scientifiques (épuration des questions à poser à la science et à ses acteurs, clarifications du langage scientifique…) sans se préoccuper de les résoudre. D'ailleurs une question philosophique résolue entre dans l'histoire de la connaissance. Le travail philosophique consiste à s'interroger sur les modalités de passage des significations aux dénotations (processus plus difficile en sciences humaines). La philosophie des sciences questionne la Science, et aussi l'épistémologie, l'ontologie des objets de la science, l'histoire de la science… toutes les disciplines qui interagissent avec la connaissance scientifique.[réf. nécessaire]
L'histoire de la philosophie de la science s'appuie sur l'histoire de la science.
La philosophie des sciences se divise, en pratique, en deux mouvements[1][source insuffisante] :
- la philosophie analytique
- l'épistémologie historique
À titre préliminaire, il est possible de distinguer une philosophie "générale" des sciences, s'intéressant à la nature même de l'activité scientifique, et une autre philosophie des sciences, particulièrement attachée à une science en particulier, cherchant alors à en dégager les spécificités. Par exemple, la physique est une science expérimentale, ce qui ne saurait être le cas de la logique. La distinction préliminaire entre philosophie "générale" et "spéciale" n'a que peu de teneur philosophique compte tenu de la liaison inextricable des questionnements que l'on y trouve, la valeur de cette distinction est uniquement pédagogique.
Philosophie générale des sciences
Philosophie des sciences spéciales
Le précis de philosophie des sciences détaille le tronc commun à toutes les sciences et les spécificités des sciences spéciales suivantes[2][source insuffisante] :
- Philosophie de la logique
- Philosophie des mathématiques
- Philosophie de la physique
- Philosophie de la biologie
- Philosophie de la médecine
- Philosophie des sciences sociales
- Philosophie du droit
- Philosophie de l'économie
- Philosophie des sciences cognitives
- Philosophie de la linguistique
Besoin de philosophie et utilité
- Cet article est partiellement ou en totalité issu de l'article intitulé « Science » (voir la liste des auteurs).
Longtemps la science, en tant que corpus de connaissances et de méthodes, était l'objet d’étude de la Philosophie des sciences, qui étudiait le discours scientifique relativement à des postulats ontologiques ou philosophiques, c'est-à-dire non-autonomes en soi. Les analyses de la science (l'expression de « métascience » est parfois employée) ont tout d’abord porté sur la science comme corpus de connaissance, et ont longtemps relevé de la philosophie. C'est le cas d'Aristote, de Francis Bacon, de René Descartes, de Gaston Bachelard, du cercle de Vienne, puis de Popper, Quine, Lakatos enfin, parmi les plus importants.[réf. nécessaire]
L’épistémologie, au contraire, s'appuie sur l'analyse de chaque discipline particulière relevant des épistémologies dites « régionales ». L'épistémologie permettra la reconnaissance de la science et des sciences comme disciplines autonomes par rapport à la philosophie[réf. nécessaire].
Aurel David explique ainsi que « La science est parvenue à se fermer chez elle. Elle aborde ses nouvelles difficultés par ses propres moyens et ne s'aide en rien des productions les plus élevées et les plus récentes de la pensée métascientifique »[3].
Pour le prix Nobel de physique Steven Weinberg, auteur de Le Rêve d'une théorie ultime (1997)[4] la philosophie des sciences est inutile car elle n'a jamais aidé la connaissance scientifique à avancer.
Nature du discours et des concepts scientifiques
La science est à la fois l'énoncé d'hypothèses concernant la nature du monde, et la vérification de ces théories comme adéquates à la réalité selon une méthode expérimentale, qui diffère selon les domaines.[réf. nécessaire]
Jean-Michel Besnier se demande[5] : "quelles sont l'origine et la nature des structures que le sujet doit solliciter pour décrire l'objet auquel il est confronté ?"
Les structures pourront appartenir | Théorie |
---|---|
au sujet | idéalisme |
à l'objet | empirisme |
au sujet et à l'objet | constructivisme |
exclusivement à la relation entre le sujet et l'objet | structuralisme |
ni au sujet ni à l'objet | idéalisme platonicien |
Rationalisme
Le rationalisme pose comme principe la dépendance de règles scientifiques établies par la raison, principalement les règles mathématiques, physiques, chimiques, éventuellement appuyées par des vérifications expérimentales.[réf. nécessaire]
On considère[Qui ?] le plus souvent que le fondateur du rationalisme est René Descartes, qui dans le Discours de la méthode (1637) exposa sa conception de la méthode scientifique, et développa, dans les Principes de la philosophie (1644), sa vision de la philosophie des sciences. La méthode proposée est très personnelle et déductive, la classification des sciences se rapporte à la situation du XVIIe siècle. Les conditions dans lesquelles Descartes a élaboré son système ne sont plus exactement celles de notre époque.(Cf. Vuillemin)[source insuffisante].
Dans une conception plus radicale, Auguste Comte fonda le positivisme, pensant que le monde pouvait se réduire à des phénomènes explicables par des "lois" exprimées en langage mathématique. Cette position a été discréditée par la critique épistémologique. Elle est souvent critiquée pour son parti pris subjectif.[réf. nécessaire]
Empirisme
L'empirisme pose comme principe la dépendance aux évidences. C'est un des piliers de la philosophie des sciences, qui s'est surtout développé dans le monde anglo-saxon. L'empirisme indique que la connaissance dérive directement de l'expérience humaine du monde, de sorte que l'énoncé scientifique vient et reste tributaire de nos expériences et observations. Les théories scientifiques sont construites et mises à l'épreuve à travers l'expérimentation, manipulation méthodique de l'expérience, grâce à des méthodes empiriques. Ces informations tirées de l'expérience, une fois rassemblées en nombre suffisant, peuvent devenir une base consensuelle pour la communauté scientifique qui pose comme évidence ses principes, et établit que ces évidences serviront de bases de l'explication scientifique. Toute science est donc un attachement à l'expérience empirique, à la loi invariante, ce qui reviendrait à dire selon certaines écoles de pensées que la science est fondamentalement une croyance réflexive a priori.[réf. nécessaire]
L'observation implique la perception, ce qui en fait un acte cognitif, action de pensée également tributaire de la manière dont nous pouvons construire une compréhension rationnelle du monde. Si cette compréhension venait à changer, alors nos observations également, au moins au stade de l'apparence.[réf. nécessaire]
Les scientifiques[Qui ?] essayent d'utiliser l'induction, la déduction, des méthodes quasi-empiriques, ou encore des métaphores conceptuelles pour transformer ce flux d'observations en un système à la cohérence propre.[réf. nécessaire]
Réalisme scientifique et instrumentalisme
Le réalisme scientifique, ou empirisme naïf, consiste à prendre le discours scientifique comme réalité du monde. Le terme naïf n'est pas péjoratif, mais indique qu'il s'agit de s'en tenir au discours scientifique pour appréhender la réalité - ce qui est le point de vue de nombreux scientifiques. Ainsi, un adepte du réalisme tiendra pour existants les électrons et les champs magnétiques.[réf. nécessaire]
Contrairement au réalisme, l'instrumentalisme avance que nos perceptions, les idées et théories scientifiques ne reflètent pas nécessairement la parfaite réalité du monde, mais qu'ils sont d'utiles moyens pour expliquer, prévoir et contrôler nos expériences. Selon le point de vue d'un instrumentaliste, les électrons et les champs magnétiques sont des idées commodes, dont l'existence est contingente. L'instrumentalisme vient en partie[pas clair] du pragmatisme selon John Dewey[source insuffisante].
En fait ce courant analyse que[pas clair] la science utilise des "hypothèses explicatives", autrement dit des théories qui ont permis "jusqu'à présent" de prévoir les observations.
Prenons un exemple :
Constructivisme
Dans le champ de l'épistémologie, les constructivismes sont des courants de pensée reposant sur l'idée que nos représentations, nos connaissances, ou les catégories structurant ces connaissances et ces représentations sont le produit de l'entendement humain. Le constructivisme rejoint dans son approche l'instrumentalisme et le pragmatisme[pas clair].[réf. nécessaire]
Pierre Bourdieu réfute l'analyse de la science faite par des constructivistes qu'il considère comme étant idéalistes, et hors du réel : « il s'ensuit que, contrairement à ce que laisse croire un constructivisme idéaliste, les agents font les faits scientifiques et, même, pour une part, le champ scientifique, […]" »[6]
Constructivisme social
En sociologie, le constructivisme social est au croisement de différents courants de pensée et fut présenté par Peter L. Berger et Thomas Luckmann dans leur livre The Social Construction of Reality (1966). Il cherche à découvrir la manière dont la réalité sociale et les phénomènes sociaux sont « construits » c’est-à-dire la manière dont ces phénomènes sont créés, institutionnalisés et transformés en traditions[source insuffisante].
Analyse et réductionnisme
L'analyse consiste à scinder une observation ou une théorie en des étapes ou des concepts plus simples, afin de la comprendre. L'analyse est essentielle à la science, tout comme à n'importe quelle entreprise rationnelle. Il serait par exemple impossible de décrire mathématiquement le mouvement d'un projectile sans séparer la force de la gravité, l'angle de projection et la vitesse initiale du corps mis en mouvement. Seule l'analyse distincte de ces composantes, puis leur regroupement en un système, permet de formuler une théorie du mouvement pratique.[réf. nécessaire]
Le réductionnisme en science peut avoir différents sens. Un type de réductionnisme scientifique consiste en la croyance que tous les domaines d'études peuvent se ramener finalement à une explication purement scientifique. Ainsi, un évènement historique peut certainement être expliqué en des termes sociologiques ou psychologiques ; du point de vue réductionniste, cette explication peut-être décrite sans perte de sens en termes de physiologie humaine, elle-même pouvant se décrire comme le résultat de processus chimiques ou physiques, de sorte que l'évènement historique se trouve ramené à un évènement de la science physique. Cela impliquerait donc que l'évènement historique n'était rien d'autre que le fruit d'un schéma physique, ce qui nie l'existence de phénomènes spontanés indépendants. Le physicalisme est la réduction de tous les phénomènes à des phénomènes explicables par les lois physiques.[réf. nécessaire]
Au plus simple et au plus court le réductionnisme, par le suffixe "isme" qui désigne une doctrine, consiste à ramener le "complexe" au simple, comme une photographie bidimensionnelle d'une statue tridimensionnelle, la complexité biologique à la simplicité mécanique. Le réductionnisme n'est pas la règle d'économie d'explication du rasoir d'Occam.[pas clair]
- "[…] Réductionnisme : Pour rendre compte des données connues, tout savant doit fournir l’explication la plus simple possible, la plus économique et (généralement) la plus élégante possible. Mais le réductionnisme devient un défaut si l’on accorde une importance excessive au principe que l’explication la plus simple est la seule possible. Il arrive qu’on doive envisager les données dans une Gestalt plus grande". (Gregory Bateson, p. 235, La Nature et la Pensée, Seuil, Paris, 1984).
Daniel Dennett a montré qu'un réductionnisme total était possible, tout en soulignant qu'il s'agirait d'une « mauvaise science », cherchant à démontrer trop à partir de trop peu. Les arguments avancés à l'encontre d'un tel réductionnisme reposent sur l'idée que des systèmes auto-référencés contiennent en effet plus d'information pouvant être décrite par des comportements individuels, ou participants à celui d'un groupe, que les autres systèmes. Des exemples concrets sont les organisations fractales ou les systèmes auto-évolutifs découverts en chimie. Mais l'analyse de telles organisations est nécessairement destructive d'informations, parce que l'observateur doit d'abord sélectionner un échantillon du système étudié, qui peut être partiellement représentatif de l'ensemble cohérent. La théorie de l'information peut être mise à profit pour calculer l'ampleur de la perte d'information ; c'est d'ailleurs une des techniques appliquées dans la théorie du chaos[source insuffisante].
Réalisme scientifique et métaphysique des sciences
La métaphysique des sciences est le projet de développer une vision cohérente et complète de la nature sur la base des théories scientifiques[7]. La science ne se construit pas sur un socle fondationnaliste - un point de vue absolu - mais elle est en perpétuelle constitution (le bateau de Neurath)[8].
La métaphysique des sciences, qui appartient à la philosophie analytique, ne consiste plus uniquement en l'analyse du langage mais plus largement en un discours systématique et argumentatif visant à la compréhension du monde et la position que l'être humain y occupe. Poursuivant ainsi Platon et Aristote elle développe des catégories générales qui cherchent à saisir l'être du monde empirique (cf. Aristote, Métaphysique, livre 4) à partir d'un ancrage puissant dans les sciences[7].
Ce projet est une forme de réalisme scientifique caractérisé par :
- une proposition métaphysique : L'existence et la construction de la nature sont indépendantes (ontologie et causalité) des théories scientifiques.
- une proposition sémantique : la constitution de a=la nature dit lesquelles des théories scientifiques sont fiables (terme préféré à "vraies" car la science est en perpétuelle construction) et donc lesquelles ne sont pas vraies (ici le terme est opportun).
- une proposition épistémique : Les sciences sont, en principe, capables de donner un accès cognitif à la constitution de la nature. Il existe deux discussions : une relative à la sous détermination de la théorie par l'expérience (Pierre Duhem, 1906, Willard Van Orman Quine, 1951). L'autre relative aux bonds cognitifs liés aux grandes avancées que l'on a constaté dans l'histoire des sciences (XXe siècle)[9].
Ce projet de métaphysique des sciences a à sa disposition les théories universelles et fondamentales acquises depuis Newton dont certaines sont déterministes et d'autres probabilistes (position privilégiée de la physique). Les théories des sciences spéciales ne sont pas universelles et dépendent de la théorie de la physique fondamentale. Contrairement à la théorie de la physique fondamentale pour laquelle un principe de complétude causale, nomologique et explicative s'applique, les théories des sciences spéciales ne sont pas complètes[10].
Quatre positions métaphysiques sont possibles liées à 2 distinctions (David Lewis)[11] :
- Propriétés intrinsèques (atomisme) ou relations dans une structure (holisme).
- Propriétés catégoriques (purement qualitatives) ou Propriétés causales (engendrant par leur nature même certains effets)
Deux autres distinctions ont été aussi examinées[Qui ?] : propriétés comme universaux et propriétés comme modes.
Après avoir examiné les distinctions, les sciences spéciales comme la mécanique quantique et la biologie notamment ainsi que les courants philosophiques des sciences comme le réalisme scientifique, Michael Esfeld conclut en prenant soin de rappeler la vassalité de la philosophie sur l'état des connaissances de la science en train de se faire et de conseiller l'évitement des dynamiques qui conduisent « à des engagements ontologiques fort douteux (comme celui postulant l'existence d'une infinité de branches parallèles de l'univers) [et qui empêche] d'aboutir à une vision cohérente de la physique fondamentale et des sciences spéciales[pas clair][12].
La justification des résultats scientifiques
Rasoir d'Ockham
Le rasoir d'Ockham est une pierre de touche en philosophie des sciences. Guillaume d'Occam énonça qu'il faut toujours préférer la manière la plus simple d'expliquer un phénomène si on a le choix entre plusieurs possibilités valides. Lui-même ne dit rien sur la véracité intrinsèque d'un tel énoncé, mais souvent la manière la plus simple d'expliquer parfaitement un phénomène s'est révélée être finalement plus exacte que les propositions plus « complexes ».
Le rasoir d'Ockham est généralement[Qui ?] mis à profit comme un critère performant et rationnel dans le choix entre plusieurs théories s'affrontant sur un même sujet scientifique. Cependant, il est rare que deux théories fournissent des explications véritablement similaires, ie. aussi satisfaisantes en tout point l'une que l'autre. De fait, l'usage du Rasoir d'Ockham est resté limité. Il existe maintenant des approches mathématiques, basées sur la théorie de l'information, qui confrontent simplicité et portée théorique.[réf. nécessaire]
Le rasoir d'Ockham est souvent mal utilisé ou invoqué[Qui ?] dans des cas où il se révèle en fait inadapté. Ce principe ne dit pas qu'il faille préférer l'explication la plus simple au détriment de sa capacité à expliquer des exceptions ou des phénomènes annexes. Le principe de réfutation requiert du scientifique qu'à partir du moment où une exception est constatée expérimentalement, et qu'elle peut être répétée pour infirmer la théorie, il doit construire une nouvelle explication, la plus simple possible, rendant compte de ce nouveau phénomène, et que cette nouvelle explication doit être préférée à l'ancienne.[réf. nécessaire]
Guillaume Lecointre[13] juge nécessaire de rappeler : « le principe de parcimonie ou principe d'économie d'hypothèses, implique que lorsque nous faisons une inférence sur le monde réel, le meilleur scénario ou la meilleure théorie sont ceux qui font intervenir le plus petit nombre d'hypothèses ad hoc, c'est-à-dire non documentées ».
Induction
Réfutabilité
Karl Popper, dans Conjectures et réfutations, utilise la réfutabilité comme critère de scientificité. Une théorie qui n'est pas réfutable, c'est-à-dire dont les prédictions ne peuvent être prises en défaut par l'expérimentation, n'est pas scientifique. Une science indépassable ne prouve rien[source insuffisante].
Cohérence
Contrat tacite du chercheur en sciences
Guillaume Lecointre, reprenant les travaux de Pierre Bourdieu[14] : "La profession des scientifiques a pour but collectif de produire des connaissances objectives sur le monde réel"[15]. Une nouvelle connaissance, dûment éditée, publiée dans un journal spécialisé à comité de relecture, doit être corroborée par au moins une équipe indépendante pour pouvoir faire partie du corpus des connaissances objectives. "Ce principe est valide pour toutes les sciences, histoire, sociologie, psychologie comprises. Toutes sont appelées à produire des discours à portée universelle parce qu'ils sont vérifiables." [15].
Termes du contrat tacite
Guillaume Lecointre[16] juge nécessaire de rappeler les termes du contrat tacite qui conditionne la possibilité de reproductibilité des expériences scientifiques :
- Scepticisme initial sur les faits,
- Réalisme de principe,
- Matérialisme méthodologique
- Rationalité [et logique].
Science face aux créationnismes
Guillaume Lecointre affirme « Les créationnistes, ne peuvent être scientifiques, car ils commettent de fréquentes entorses au contrat tacite énoncé ci-dessus (notamment au principe de parcimonie ou Rasoir d'Ockham évoqué ici) en guise de socle à toutes les sciences »[17].
« Depuis la charnière XVIIe-XVIIIe siècles, nos inférences et hypothèses doivent faire référence à des entités que nous pourrons appréhender expérimentalement, tout de suite, ou à terme ; donc des entités naturelles ; cela est la condition scientifique moderne […] » [18]. « […] le registre des savoirs- qui sont du domaine public et donc potentiellement universels, dont la contestation doit être instruite et méthodologiquement caractérisée […] »[19]
Beaucoup de personnes ignorent que : « les [différentes] sphères de l'espace public [donc celui de la science] décrites par Caroline Fourest[20] [… ne peuvent pas être confondues avec] la sphère du sens et de la symbolique des pouvoirs publics et la sphère de liberté maximale (la sphère privée) »[19]. « La validation croisée des résultats scientifiques est un espace laïque au sens français du terme, sans que, pour autant, nous ne nous formulions les choses comme cela. Nos options métaphysiques restent aux vestiaires de nos laboratoires et n'interviennent pas dans nos comptes rendus d'expériences »[21].
B. Latour confie que « [les conditions de… et le contrat tacite de] la recherche n'est pas au programme des formations scientifiques » (p. 93)[22]. Guillaume Lecointre pense qu'« il serait temps d'enseigner aux futurs chercheurs une explication de leur contrat tacite, autant dans ses attendus épistémologiques que dans ses composantes sociologique, économique et politique »[23].
Guillaume Lecointre appelle de ses vœux une évolution de la notion de distinction-séparation entre les sphères publique et privée[19],[20] : les sphères de sens.
Responsabilité sociale
Critiques de la science
Paul Feyerabend dans son ouvrage[24] a voulu montrer qu'il n'y a pas une seule description de la méthode scientifique qui puisse être suffisamment large et générale pour englober l'ensemble des méthodes et approches utilisées par les scientifiques. Il a critiqué l'établissement d'une méthode scientifique normative, au titre qu'un tel procédé ne pourrait que ralentir, voire réprimer le progrès scientifique. Pour lui, le seul principe qui ne gêne pas l'activité scientifique est le laisser-faire. En effet aucune méthodologie (ni l'inductivisme, ni le réfutationnisme) ne s'accorde avec l'histoire de la physique.
Toutes les méthodologies ayant leurs limites, une seule règle survit, c'est « Tout est bon ». Mais cette affirmation ne veut pas dire faire n'importe quoi ! La méthodologie selon lui « peut » fournir des critères d'évaluation qui permettent aux scientifiques de prendre des décisions (ie: les Programmes de recherches chez Imre Lakatos)[source insuffisante], mais, en général, ils ne contiennent pas de règles qui leur disent ce qu'il « faut faire ».
L'infaillibilité scientifique
Responsabilité sociétale
Le philosophe Hans Jonas (Le Principe responsabilité, 1979) pointe la responsabilité que portent toutes les personnes de la société vis-à-vis des conditions d'application technique des sciences[source insuffisante]. De là découle le principe de précaution, dont l'application est si controversée.[réf. nécessaire]
Cette philosophie a engendré les principes de développement durable, qui entrent progressivement dans les mœurs.[réf. nécessaire]
Les incidences de la science sur la société incitent la philosophe Isabelle Stengers à poser la question de la pertinence des savoirs scientifiques. Pour elle la réponse ne peut émaner que d’un débat démocratique[25].
On considère[Qui ?] désormais que les entreprises ont le devoir de rendre compte des conséquences environnementales et sociales de leur activité auprès de la société civile (parties prenantes).[réf. nécessaire]
Pierre Bourdieu : "Puisque les savants sont censés produire de la vérité sur le monde [… il leur faut] restituer les acquis de la science dans les domaines où ces acquis pourraient contribuer de manière positive à résoudre des problèmes qui ont accédé à la conscience publique. Mais la fonction la plus utile, en plus d'un cas, serait de dissoudre les faux problèmes ou les problèmes mal posés. [… À la télévision], les faux philosophes [… prennent] au sérieux les faux problèmes [scientifiques proposés dans l'émission]. [… ⇒] il faudrait des commandos d'intervention philosophique rapide pour détruire les faux problèmes [scientifiques], pour faire du Wittgenstein dans la vie de tous les jours et spécialement dans les médias" [26]. La sociologie ? un sport de combat ? ! "Face à la TV, il faudrait une sorte de mouvement de résistance civique […] contre l'imposition généralisée de problématiques [aller voir directement les qualificatifs évoqués !][27].
Guillaume Lecointre pense utile de rappeler : Les connaissances empiriques, universellement testables, constituent la partie de nos savoirs qui unissent les hommes, et c'est pour cela qu'elles sont politiquement publiques (p. 130). "On peut mettre cette posture [les options métaphysiques sont personnelles et politiquement privées : la laïcité au sens français du terme] au nom d'une priorité donnée dans le champ public au droit à l'indifférence (ici métaphysique) sur le droit à la différence selon une formule présentée par Caroline Fourest (p. 239)[20] " (p. 130). "Sur un plan plus politique qu'épistémologique, la meilleure arme contre le créationnisme reste la laïcité française [… + ] les différentes sphères de contraintes et de libertés […] (p. 133 ). En conclusion : "Expliciter vers le public le périmètre des méthodes qui caractérisent le[.] métier [de chercheur], et écrire vers le public pour expliquer pourquoi et comment les créationnistes philosophiques utilisent les sciences à d'autres fins que les leurs (p. 134)[13].
Notes et références
- (dir) A. Barberousse, D. Bonnay et M. Cozic, Précis de philosophie des sciences, Paris, Vuibert, , 709 p. (ISBN 978-2-7117-2070-5).
-
Collectif, Précis de philosophie des sciences, Paris, Vuibert, , 709 p. (ISBN 978-2-7117-2070-5)
sous la direction de Anouk Barberousse; Denis Bonnay, Mickaël Cozic.
- Aurel David, p. 22.
- Steven Weinberg, Le Rêve d'une théorie ultime, 1997, Odile Jacob.
- Jean-Michel Besnier, Les théories de la connaissance, Paris, PUF Que sais-je?, , 128 p. (ISBN 978-2-13-059021-7).
- Bourdieu 1997, p. 18.
- Collectif 2011, p. 141.
- Collectif, Matériaux philosophiques et scientifiques pour un matérialisme contemporain, t. 2, Paris, Éditions matériologiques, , 1014 p. (ISBN 978-2-919694-25-9), p. 8.
- Collectif 2011, p. 142.
- Collectif 2011, p. 145.
- Collectif 2011, p. 147.
- Collectif 2011, p. 169 et 170.
- Lecointre 2012, p. 114.
- Bourdieu 1997, p. 36.
- Lecointre 2012, p. 102.
- Lecointre 2012, p. 102 à 111
- Lecointre 2012, p. 111.
- Lecointre 2012, p. 120
- Lecointre 2012, p. 125.
- Fourest Caroline, La dernière utopie. Menaces sur l'universalisme, Paris, Grasset Fasquelle, , 288 p. (ISBN 978-2-246-70971-8), § distinguer les sphères de contraintes et de libertés p 272 à p 280.
- Lecointre 2012, p. 127.
- Le métier de chercheur,
- Lecointre 2012, p. 129.
- Contre la méthode : Esquisse d'une théorie anarchiste de la connaissance, Pris, Éditions du Seuil, , 350 p. (ISBN 978-2-02-009995-0).
- Isabelle Stengers, Sciences et pouvoirs, La Découverte, 1997, p. 112 et 107
- Bourdieu 1997, p. 71.
- Bourdieu 1997, p. 76.
Voir aussi
Bibliographie
Sources utilisées dans cet article
- (dir) A. Barberousse, D. Bonnay et M. Cozic, Précis de philosophie des sciences, Paris, Vuibert, , 709 p. (ISBN 978-2-7117-2070-5).
- Gregory Bates, "La Nature et la Pensée", Seuil, Paris, 1984
- Pierre Bourdieu, Les usages sociaux de la science : Pour une sociologie du champ scientifique, Paris, QUAE Inra Éditions, , 80 p. (ISBN 978-2-7380-0793-3, lire en ligne). .
- Guillaume Lecointre, Les sciences face aux créationnismes : Ré-expliciter le contrat méthodologique des chercheurs, Versailles, QUAE, , 172 p. (ISBN 978-2-7592-1686-4, lire en ligne). .
- Bruno Latour, Le métier de chercheur, .
- Hans Jonas, Le Principe responsabilité, 1979
- Caroline Fourest, La dernière utopie. Menaces sur l'universalisme, Paris, Grasset Fasquelle, 2009, 288 p. (ISBN 978-2-246-70971-8)
- Paul Feyerabend, Contre la méthode : Esquisse d'une théorie anarchiste de la connaissance
- Aurel David (préf. Louis Couffignal), La cybernétique et l'humain, Éditions Gallimard, coll. « Idées », (ISBN 978-2-07-035067-4).
- Isabelle Stengers, Sciences et pouvoirs, La Découverte, 1997
Sources complémentaires
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Essai de la philosophie des Sciences, ou Exposition analytique d'une classification naturelle de toutes les connaissances humaines. 1 / par André-Marie Ampère. - Paris : Bachelier, 1838. - lxviij, 284 p. ; 22 cm . Frontespizio