Opération Turquoise
Pour le film homonyme, voir Opération Turquoise (téléfilm).
L’opération Turquoise est une opération militaire organisée par la France et autorisée par la résolution 929[1] du 22 juin 1994 du Conseil de sécurité de l'ONU pendant le génocide des Tutsi au Rwanda. Elle a pour mission de « mettre fin aux massacres partout où cela sera possible, éventuellement en utilisant la force. »
L'opération Turquoise est une importante intervention militaire française avec le déploiement de plus de 2 500 hommes. Défendue par les uns comme une intervention humanitaire, elle a été vivement critiquée et fait toujours l'objet, en 2019, 25 ans après les faits, de polémiques concernant le rôle de la France dans son soutien au gouvernement intérimaire rwandais.
Objectif et ordre de mission
L'objectif de cette opération est précisé, dans l'ordre d'opération lui-même, par les consignes suivantes du commandement relatives aux règles de comportement sur le théâtre d'opération (paragraphe QUINTO/Alpha)[2] :
« Adopter une attitude de stricte neutralité vis-à-vis des différentes factions en conflit. Insister sur l'idée que l'armée française est venue pour arrêter les massacres mais non pour combattre le FPR ni soutenir les FAR afin que les actions entreprises ne soient pas interprétées comme une aide aux troupes gouvernementales. Manifester la détermination de la France, dans cette action, tout en cherchant à favoriser l'amorce d'un véritable dialogue entre les belligérants. Marquer si nécessaire par l'usage de la force la volonté française de faire cesser les massacres et de protéger les populations. »
Elle est dirigée par le général français Jean-Claude Lafourcade. La résolution no 929 précise que le Conseil de sécurité :
« ...donne son accord à ce qu'une opération multinationale puisse être mise sur pied au Rwanda à des fins humanitaires jusqu'à ce que la MINUAR soit dotée des effectifs nécessaires. » Elle doit être « ...une opération temporaire, placée sous commandement et contrôle nationaux, visant à contribuer, de manière impartiale, à la sécurité et à la protection des personnes déplacées, des réfugiés et des civils en danger au Rwanda. »
Opération de l'ONU comme la MINUAR, le statut de l’opération Turquoise lui donne plus de moyens militaires puisqu'il se réfère au chapitre VII[3] de la Charte de l'ONU (Action en cas de menace contre la paix, de rupture de la paix et d'acte d'agression), contrairement à la MINUAR qui relève du chapitre VI[4] (Règlement pacifique des différends).
La genèse
Les Nations unies disposaient déjà à Kigali d'une force de maintien de la paix, la Mission des Nations unies pour l'assistance au Rwanda (MINUAR), chargée d'observer que les accords d'Arusha étaient en cours de réalisation. Après le début du génocide (7 avril 1994) et la mort de plusieurs soldats belges enlevés, la Belgique retire sa contribution à la MINUAR, sous le commandement du Canadien Roméo Dallaire. Il est interdit à Dallaire d’impliquer la force dans la protection de civils.
Immédiatement après le début du génocide, le Front patriotique rwandais (FPR) lance une nouvelle offensive visant à renverser le gouvernement génocidaire et gagne progressivement du terrain. À la fin du mois de juin, le FPR contrôlait une grande partie du pays et était sur le point de remporter une victoire complète. Les unités du FPR ont mené des attaques punitives dans les zones qu’elles contrôlaient, mais elles n’étaient pas de la même ampleur et de la même organisation que celles du génocide.
Dès la première semaine du génocide, le Nigeria s'était efforcé d'obtenir un renforcement de la MINUAR. Il en avait été de même, plus tard, de la République tchèque, de l'Espagne, de l'Argentine et de la Nouvelle-Zélande[5]. Mais l'ONU ne parvenait pas à se mettre d'accord pour que cette MINUAR 2 se mette rapidement en place. En mai 1994, la France, bien qu'ayant voté la réduction des effectifs de la MINUAR le 21 avril 1994, devient très active à l'ONU dans les discussions sur le renforcement de la MINUAR mais refuse de la renforcer par ses propres forces[6]. Devant ce qu'elle qualifie comme une inertie de la communauté internationale, la France décide d'intervenir et présente une proposition de résolution le 20 juin[7],[8], mais obtient difficilement[9] l'aval du Conseil de Sécurité de l'ONU, pour conduire l'opération Turquoise, du 22 juin au 21 août 1994, date prévue du renforcement de la MINUAR tant demandé par son commandant depuis le début du génocide. Quelques pays africains[10] acceptèrent de se joindre à la France dans cette opération.
La difficulté de l'obtention de cette mission était liée à la perception que de nombreux pays avaient de la politique de la France au Rwanda et de ses intentions réelles ou supposées, compte tenu de son implication au Rwanda depuis plusieurs années, de son opposition au FPR, et du fait qu'elle ait été le seul pays à reconnaître le Gouvernement intérimaire rwandais[11], responsable du génocide[12]. Ce débat existait également au sein de l'État français. Face aux tenants[13],[14] d'une intervention militaire pour s'opposer au FPR, Édouard Balladur, alors premier ministre de la France, précisait par écrit le 21 avril au président français François Mitterrand qu'une des conditions de réussite de l'opération nécessitait de « limiter les opérations à des actions humanitaires et de ne pas nous laisser aller à ce qui serait considéré comme une expédition coloniale au cœur même du territoire du Rwanda »[15]. En outre, la présence française était limitée à deux mois. Devant la mission parlementaire d'information sur le Rwanda, M. Balladur précisera[16] que « certains responsables (ont) envisagé une intervention militaire, notamment à Kigali. Toutefois, un accord est très rapidement intervenu entre le Président de la République et lui pour rejeter cette hypothèse qui aurait pu entraîner la France dans un conflit ou l’exposer à être mise en accusation par des puissances de la région. »
Cette ambivalence[17] semble également partagée par les soldats et leurs officiers sur place. Lors de son entrevue à Goma fin juin avec le général Lafourcade pour délimiter les zones respectives occupées par le FPR et l'opération Turquoise, le commandant de la MINUAR, le général Dallaire, note que, si le général Lafourcade ne recherche pas l'affrontement direct avec le FPR, il n'en est pas de même de son entourage qui, au nom de la loyauté de la France avec ses anciens amis, pense que l'opération a pour but d'aider les FAR à contrer le FPR[18]. La confrontation avec les réalités du génocide fut un choc pour de nombreux membres de l'opération.
Le déroulement de l'opération
Le lancement, le 22 juin 1994
Cette opération fut conduite à partir du Zaïre. L'ordre de mission de Turquoise du 22 juin 1994 dispose que l'armée française doit pénétrer au Rwanda à partir de Gisenyi, dans le nord-ouest du Rwanda, et par Cyangugu dans le sud-ouest du Rwanda. L'aéroport de Goma au Zaïre sert de base logistique pour l'opération tandis que le détachement aérien est stationné à Kisangani.
L'objectif affirmé est de protéger, dans une « zone humanitaire sûre », les « populations menacées » aussi bien par le génocide que par le conflit militaire entre le FPR et le gouvernement intérimaire rwandais. Aucune hiérarchie n'est établie entre les personnes menacées par le génocide et celles qui sont menacées par les effets collatéraux du conflit armé. Elles étaient assimilées aux deux parties d'un conflit militaire. Le génocide était donc perçu comme un phénomène collatéral de la guerre. Il était ordonné de rester neutre entre ces parties. En particulier, il n'était pas question de procéder à des arrestations de responsables du génocide. La mission avait pour but de faire cesser les massacres en incitant les Forces armées rwandaises à rétablir leur autorité[19], alors qu'elles étaient directement impliquées dans le génocide. La neutralité de l'intervention fut critiquée notamment par Jean-Hervé Bradol, responsable de programme à Médecins sans frontières, une opération simplement humanitaire lui paraissant largement insuffisante pour stopper un génocide[20].
La composition de la force Turquoise
La force comptait 2 550 militaires de l'armée française et 500 autres venus de sept pays d'Afrique (Sénégal, Guinée-Bissau, Tchad, Mauritanie, Égypte, Niger et Congo). Elle a bénéficié d'une couverture satellitaire de l'Union de l'Europe occidentale qui lui a permis de localiser les camps de réfugiés et les colonnes en mouvement. La flotte d'Antonov du trafiquant d'armes Viktor Bout a pour l'occasion été utilisée par l'armée française pour le transfert du matériel et des troupes via des transitaires de transport et la société SPAIROPS (Spécial Air Opération Inlt) dirigée par Michel Victor-Thomas[21],[réf. nécessaire].
Unités françaises engagées :
- Éléments de la 13e demi-brigade de Légion étrangère, du 2e régiment étranger d'infanterie, du 2e régiment étranger de parachutistes et du 6e.
- La moitié des effectifs du Régiment d'infanterie-chars de marine.
- Des éléments de la 2e batterie du 35e régiment d'artillerie parachutiste.
- La 1re compagnie du 3e régiment d'infanterie de marine détachée du Gabon.
- La 3e batterie du 11e régiment d'artillerie de marine détachée de RCA [réf. souhaitée].
- Une section de l'ECT (Escadron de circulation et de transport) du 9e RCS (devenu depuis 9e) de Nantes.
- Forces spéciales : 150 hommes du Commandement des opérations spéciales (1er RPIMa, Commando Trepel et CPA 10) qui ont opéré parallèlement à des membres du GIGN et de l’EPIGN, à des équipes CRAP de la 11e division parachutiste et à des éléments du 13e RDP.
- Deux composantes du service de santé des armées : armé principalement par le 1er régiment médical. L'Élément médical militaire d'intervention rapide (EMMIR) basé à Cyangugu (Rwanda) une section d'évacuation sanitaire en VAB du 1er RMed et la Bioforce à Goma (Zaïre). [réf. souhaitée]
- Éléments issus de la 11e division parachutiste : CRAP du 35e RAP, soutien et transmetteurs du 14e RPCS.
- La 1re compagnie du 2e RPIMa basé a La Réunion.
- Détachement Aviation légère de l'armée de terre.
- Section de la 2e compagnie du 1er régiment d'infanterie (RCAM /aéromobile).
- Éléments de l'armée de l'air dont deux de l'Escadron de transport 1/62 Vercors positionné à Goma et ensuite à Bukavu à partir du 14 juillet et de rotation de Transall et de Hercules. Deux C-130 Hercules de l'escadron de transport 2/61 Franche-Comté participent à l'opération[22] ainsi qu'un Transall "GOST" et plusieurs Transall de la base 123 d'Orléans[réf. souhaitée]
Les premières interventions
Un commando explore le nord du Rwanda jusqu'aux environs de Kigali
Les tutsis du camp de Nyarushishi
Le camp de réfugiés de Nyarushishi, à proximité de Cyangugu, regroupe entre 8 et 10.000 rescapés, essentiellement Tutsis. Le camp est organisé par le CICR et menacé régulièrement par les génocidaires. L'opération Turquoise a assuré rapidement la protection de ce camp, situé dans la zone sud de la ZHS, notamment avec la compagnie du 2° régiment étranger d'infanterie.
Sauvetages de populations diverses
Les forces françaises sauvèrent la vie d'environ 15 000 personnes[23], en assurant la protection de camps de réfugiés (comme celui de Nyarushishi, cf supra) et en organisant des opérations d’exfiltrations de rescapés des massacres.
Massacre de Tutsis à Bisesero
Bisesero est une chaîne de collines de l'ouest du Rwanda, au sud de Kibuye, où 65 000 Tutsis sont enterrés dans un mémorial. Ils ont été massacrés pendant le génocide.
Bisesero faisait partie de la zone nord de l'opération Turquoise. Au début de l'opération Turquoise, les commandos du COS avaient reçu des informations fausses des autorités rwandaises selon lesquelles des infiltrés du FPR seraient concentrés à Bisesero. En réalité il s'agissait de rescapés affaiblis par trois mois de résistance au génocide. Alertés par des journalistes, un détachement du COS découvre le 27 juin 1994 quelques dizaines de ces réfugiés et constate la réalité des massacres de civils par les forces gouvernementales rwandaises (FAR, gendarmerie et milices). Trois jours plus tard le 30 juin 1994, un autre détachement retrouve ces rescapés et leur porte secours. Mais la moitié d'entre eux a été massacrée entre-temps, soit environ un millier sur les deux mille restant. Ces événements donneront lieu à une vive polémique en 1998 : pourquoi l'armée a-t-elle attendu trois jours pour porter secours à ces rescapés[24] ? Les informations du premier détachement ont-elles bien été transmises à sa hiérarchie ? Celle-ci en a-t-elle tiré les conséquences ? Le deuxième détachement a-t-il découvert les rescapés par hasard ? A-t-il reçu l'ordre de les secourir ? A-t-il agi de sa propre initiative ? Cette polémique sera ravivée en 2005 par des plaintes de Rwandais devant le tribunal aux armées de Paris.
L'affrontement avec l'armée du Front patriotique rwandais
Selon le mandat attribué par l'ONU, tout contact militaire hostile entre militaires de l'Opération Turquoise et FPR devait être évité. Cependant, plusieurs accrochages militaires ont eu lieu avec les soldats du FPR de Paul Kagame entre le 3 et le 20 juillet 1994[25].
Une dizaine de soldats de l'opération Turquoise, faits prisonniers par le FPR à la suite d'une embuscade dans la région de Butare, furent libérés à la suite de négociations. Lors d'un autre incident entre Kibuye et Gikongoro, deux soldats français survécurent aux tirs du FPR grâce à leur gilet pare-balles[26].
La création de la « Zone Humanitaire Sûre »
Une « zone humanitaire sûre » fut créée dans le sud-ouest du Rwanda, visant à empêcher les affrontements entre les Forces armées rwandaises du gouvernement génocidaire et le Front patriotique rwandais qui gagnait du terrain.
Le repli des forces génocidaires au Zaïre
Fuite du gouvernement intérimaire
Ce n'est qu'à partir du 7 juillet, sur avis de l'ambassadeur de France au Rwanda et du général Lafourcade, commandant la force Turquoise, que la France commença à considérer le gouvernement intérimaire rwandais, responsable du génocide, comme discrédité. En particulier, la France refusa une extension de la « zone humanitaire sûre » que lui demandait ce gouvernement afin de se mettre à l'abri du FPR. Le 14 juillet, un télégramme était envoyé au général Lafourcade lui demandant de refuser l'accès de la « zone humanitaire sûre » aux membres du gouvernement intérimaire. Mais si la France n’a pas procédé à une opération d’exfiltration, elle n’a pas non plus procédé à l’arrestation des membres du Gouvernement intérimaire amenés à se trouver dans la ZHS, arguant que de telles mesures ne pouvait être prises que sur décision de l'ONU[27].
Aussi la « zone humanitaire sûre » put servir de refuge à plusieurs responsables du gouvernement intérimaire rwandais qui purent ensuite passer au Zaïre. En particulier, le 17 juillet 1994, un convoi civil escorté de membres armés de la garde présidentielle rwandaise s'arrête dans une villa de Cyangugu, sur les bords du lac Kivu, dans le sud de la ZHS contrôlée par les Français. Le commandant du secteur, le lieutenant-colonel Jacques Hogard, s'assure de l'identité des personnalités présentes, avec un groupe de commandos du 2e (Régiment Étranger Parachutiste), et identifient deux responsables politiques du gouvernement intérimaire rwandais : le président de la république par intérim, Théodore Sindikubwabo, et le ministre des affaires étrangères, Jérôme Bicamumpaka. L'entrevue est tendue. Jacques Hogard annonce à ses interlocuteurs qu'il est hors de question qu'un gouvernement intérimaire s'installe à Cyangugu. Sans informations ni instructions sur le sort à réserver à ces personnalités, il rend compte à son supérieur, le général Lafourcade qui rend lui-même compte à Paris. Mais les fugitifs quittent dans les 24 heures la zone humanitaire sûre avant que des instructions les concernant n'arrivent[27],[28],[29].
Désarmement symbolique et non-arrestation des génocidaires
Le rapport parlementaire français montrera de nombreux éléments qui attestent que le désarmement des génocidaires fut insuffisant, et qu'aucune arrestation de génocidaires n'a eu lieu. Lors de son audition, Alain Juppé, ministre français des affaires étrangères en 1994, arguera que, « compte tenu des effectifs affectés à l’opération Turquoise, il n’a pas été possible d’y procéder à l’arrestation de probables criminels de guerre, le Conseil de Sécurité de surcroît n’ayant jamais accordé un tel mandat »[30].
D'après la Commission d'enquête citoyenne[31], les autorités françaises auraient fourni des passeports à plusieurs membres du gouvernement intérimaire rwandais, aujourd'hui tous jugés ou en attente de jugement devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda.[réf. nécessaire]
En octobre 1994, la revue mensuelle de la Légion, Képi blanc, écrira que l'état-major tactique a provoqué et organisé l'évacuation du gouvernement rwandais vers le Zaïre[32].
Le choléra dans les camps de réfugiés au Zaïre
Les militaires de l'Opération Turquoise furent confrontés à une grave épidémie de choléra qui se déclara dans les camps des réfugiés hutus à Goma, au Zaïre. Près de 100 000 consultations médicales et 25 000 vaccinations furent effectuées[33].
La section France de Médecins sans frontières quitta les camps de réfugiés au Zaïre en novembre 1994 devant le constat de la mainmise des génocidaires sur les camps. Les sections belges et hollandaises suivront fin 2015. Selon Médecins sans frontières :
- [...] très rapidement, l’épidémie contrôlée, les volontaires se trouvent confrontés à l’emprise brutale des leaders sur la population des camps, dont certains sont transformés en base arrière pour la reconquête du Rwanda à travers les détournements massifs de l’aide, la violence, les recrutements forcés, la propagande et les menaces contre les candidats au rapatriement.[34]
Les controverses soulevées par cette opération
L'ambiguïté de l'opération et le rôle de la France dans le génocide au Rwanda
La classe politique française fut presque unanimement en faveur de cette opération. Valéry Giscard d'Estaing fut l'un des rares hommes politiques français à critiquer ouvertement l'existence même de cette opération, le 7 juillet 1994 par des propos rapportés par le journal le Monde : « …Qu’est-ce qu’on va faire ? s’est interrogé l’ancien président de la république française. Il y a des Tutsis qui avancent. Est-ce qu’on va s’opposer à leur avance, de quel droit ? s’est-il exclamé. Actuellement on a les Tutsis qui avancent, c’est-à-dire les victimes, et on a derrière nous une partie de ceux qui ont procédé aux massacres… ».
Si le but officiel de l'opération est humanitaire, son ambiguïté apparaît néanmoins dans un rapport datant du 16 juin 1994 : « Face à l'ampleur du désastre humanitaire et aux critiques dont sont l'objet à la fois l'ONU et notre propre politique, l'objectif est de susciter une action internationale dont la France prendrait la direction principale, et dont le but serait triple : l'arrêt des massacres, la sauvegarde des réfugiés et l'interruption de l'extension du conflit. Du point de vue français, il faut éviter que nous soit reprochées et l'action d'hier, et l'inaction d'aujourd'hui »[35]. Quant à l'expression « interruption de l'extension du conflit », et compte tenu du rôle passé de la France aux côtés du gouvernement rwandais, elle a pu être comprise par certains militaires français sur place comme une volonté d'empêcher le FPR de prendre Kigali[réf. nécessaire]. Ainsi[pas clair], après avoir tenu des propos fermes envers le FPR dépassant le mandat de neutralité de l'opération Turquoise, le colonel Tauzin se verra rapatrier prématurément à Paris[36]. Jean-François Dupaquier, journaliste et expert auprès du TPIR[37] dans le procès des médias, taxe Turquoise de désinformation « militaro-humanitaire »[38]. Pour défendre le point de vue des militaires au Rwanda, Didier Tauzin écrira un livre : Rwanda, je demande justice pour la France et ses soldats[39].
Plusieurs anciens militaires français ont témoigné de l’ambiguïté de l'opération Turquoise qui n'aurait pas été qu'une mission humanitaire, notamment le lieutenant-colonel Guillaume Ancel[40],[41] et l'adjudant-chef Thierry Prungnaud[42],[43]. Leurs témoignages interrogent plus largement sur le rôle de la France dans le génocide rwandais.
Face à ces témoignages, le 21 décembre 2017, Charles Onana soutient la thèse de doctorat intitulée Rwanda : l'opération turquoise et la controverse médiatique (1994-2014). Analyse des enquêtes journalistiques, des documents secret-défense et de la stratégie militaire dirigée par Jean-Paul Joubert[44]. Il publie par la suite l'ouvrage Rwanda, la vérité sur l'opération Turquoise, L'Artilleur, 2019 (ISBN 978-2810009176) afin de démentir l'ensemble des accusations relayées par des journalistes qui disent avoir découvert puis révélé « l’inavouable » rôle de la France au Rwanda.
Les relations entre les responsables de la Minuar et ceux de Turquoise
Lors du déploiement des troupes de l'opération Turquoise à la frontière zaïro-rwandaise, Roméo Dallaire, commandant de la Minuar, se rendit à Goma pour discuter des modalités de l'opération avec les militaires français. Ceux-ci lui réservèrent un accueil glacial. Les militaires français se dirent choqués que Roméo Dallaire n'ait pas pu retarder le FPR. Les militaires français étaient historiquement alliés aux FAR et en voulaient ouvertement à Roméo Dallaire ; ils lui reprochaient la déroute des FAR[45][source insuffisante]. Les Français ont accusé Dallaire d'aider les rebelles du FPR à gagner sur le terrain[46][source insuffisante].
Les articles de Patrick de Saint-Exupéry dans le Figaro
Après ceux de 1994, les articles de Patrick de Saint-Exupéry relancèrent en 1998 la controverse sur la politique de la France au Rwanda, l'opération Turquoise et plus particulièrement les événements de Bisesero dont il fut un des témoins principaux. En 2004, il reprit son analyse dans un livre[47]. Deux des généraux cités dans ce livre obtiennent une condamnation pour diffamation.
L'attitude française à l'égard des génocidaires
Procédure judiciaire en France
En juin 2005, plusieurs plaintes sont déposées devant le Tribunal aux armées de Paris. Trois femmes tutsies ont porté plainte contre X pour viol par des militaires français devant la justice française[48]. Une seconde série de plaintes pour « complicité de génocide et complicité de crimes contre l'humanité » a été déposée en février 2005 par six survivants (cinq hommes et une femme tutsis) des massacres de 1994 au Rwanda. Ils accusent de complicité dans le génocide des soldats français engagés dans l'opération Turquoise. Selon les plaignants, des soldats français auraient aidé les miliciens « Interahamwe », principaux auteurs du génocide, à débusquer leurs victimes et ont commis eux-mêmes des exactions[11].
Cette plainte donne lieu à une controverse politique et judiciaire car le gouvernement français a toujours nié tout rôle dans le génocide, sauf Bernard Kouchner a posteriori[réf. nécessaire].
Le 29 mai 2006, la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Paris a validé cette plainte[49][source insuffisante] Elle a ainsi rejeté une requête du parquet de Paris qui estimait que quatre de ces plaignants n'avaient pas qualité à agir car ils n'avaient pas subi de préjudice direct. [réf. souhaitée]
Le 3 juillet 2006 une seconde décision de la cour d'appel de Paris a débouté le parquet de sa demande d'annulation [pourquoi ?] des auditions des six plaignants rwandais, faites à sa demande au Rwanda fin 2005 par la juge d'instruction Brigitte Raynaud[réf. souhaitée].
À la suite de ces plaintes, des anciens officiers au Rwanda créent une association France Turquoise dans le but de défendre l'honneur de l'armée française et des militaires français ayant servi au Rwanda[50]. Le 20 novembre 2019, Jean-Marie Schmitz, président du Secours de France, a remis le prix Clara Lanzi 2019 à l’association France Turquoise en la personne du général Lafourcade devant une assistance nombreuse composée de membres du Secours de France, de membres et d’amis de l’association parmi lesquels il faut souligner la présence de l’amiral Lanxade et de Charles Onana. Ce prix vient couronner 12 années de soutien sans faille que le Secours de France a apporté à France Turquoise dans son combat pour sauvegarder l’honneur des soldats engagés au Rwanda.
En mai 2021, Le parquet de Paris a requis un non-lieu général dans l’enquête sur l’inaction reprochée à l’armée française lors des massacres de Bisesero fin juin 1994[51]. Puis, le 7 septembre 2022, des juges d'instruction parisiens ordonnent ce non-lieu général[52].
Voir aussi
Bibliographie
- Jean-Claude Lafourcade et Guillaume Riffaud, Opération Turquoise : Rwanda, 1994, Perrin, Paris, 2010, 216 p. (ISBN 978-2-262-03128-2)
- Yvonne-Solange Kagoyire, François-Xavier Ngarambe, Jean-Marie Twambazemungu, Rescapés de Kigali, Éditions de l’Emmanuel, 2014. (ISBN 978-2-35389-340-9)
- Jacques Morel, La France au cœur du génocide des Tutsi, Esprit Frappeur, 2010, 1503 p. (ISBN 978-2-84405-242-1)
- Jean-François Dupaquier: Politiques, militaires et mercenaires français au Rwanda – Chronique d’une désinformation, éd. Karthala, Paris, 2014, 479 p.
- Laure de Vulpian (journaliste) et Thierry Prungnaud (Membre du GIGN, participant à l'opération Turquoise), Silence Turquoise: Responsabilités de l'État français dans le génocide des Tutsi, Don Quichotte, 2012, 457 p. (ISBN 978-2359490923)
- Guillaume Ancel, Vents sombres sur le lac Kivu, TheBookEdition, 2014, 144p (ISBN 978-2-9547777-1-9)
- Hippolyte, Patrick de Saint-Exupéry, La Fantaisie des Dieux Rwanda 1994, Édition des Arènes, Paris, 2014, 92p[53]
- Bruno Boudiguet, Vendredi 13 à Bisesero - La question de la participation française dans le génocide des Tutsis rwandais, Aviso, 2014, 446 p. (ISBN 979-1-09345-300-2)
- Jacques Hogard, Les larmes de l'honneur, éd. Hugo doc, 2016.
- Gaêl Faye, Petit Pays, 2016.
- Charles Onana, La France dans la terreur rwandaise, Duboiris, 2014
- Charles Onana, Rwanda, la vérité sur l'opération Turquoise, L'Artilleur, 2019 (ISBN 978-2810009176)
- Gaspard-Hubert Lonsi Koko, Mais quelle crédibilité pour les Nations Unies au Kivu ?, L'Atelier de l'Égrégore, Paris, 2019, p. 17.
- Raphaël Doridant et François Graner, L’État français et le génocide des Tutsis au Rwanda, Agone, février 2020, 520 p. (ISBN 9782748903935)
Vidéographie
- [vidéo] Rwanda, chronique d’un génocide annoncé, France 24, 5 avril 2019.
Filmographie
- Opération Turquoise réalisé par Alain Tasma
Articles connexes
- Rôle de la France dans le génocide au Rwanda
- Opération Noroît
- Opération Amaryllis
- Opération insecticide
- Opération Silver Back
- Bisesero (1994)
- Armée de Libération du Rwanda
- Première guerre du Congo
Liens externes
- (fr) Résolution 929 du Conseil de Sécurité de l'ONU
- (fr) Rapport d'information no 1271 de l'assemblée nationale française sur les opérations militaires menées par la France, d'autres pays et l'ONU au Rwanda entre 1990 et 1994 (remis le 15 décembre 1998)
- (en) Article critique du rôle de la France du Guardian 11/01/2007
Notes et références
- Résolution 929 du Conseil de sécurité
- Article du blog de Jean-Dominique Merchet "Rwanda 1994 : mettre fin aux massacres partout où cela sera possible"
- Chapitre VII de la Charte des Nations unies
- Chapitre VI de la Charte des Nations unies
- HWR, FIDH, Aucun témoin ne doit survivre, le génocide au Rwanda, Karthala (1999) p. 35
- Roméo Dallaire, J'ai serré la main du diable, Libre Expression, p. 530
- Histoire vivante Rwanda, entretien avec Laure de Vulpian, TSR.ch
- Rapport de la commission indépendante d'enquête sur les actions de l'ONU lors du génocide de 1994 au Rwanda, p. 30
- Cinq membres du Conseil de Sécurité choisirent de s'abstenir, la Nouvelle-Zélande, le Nigeria, le Pakistan, la Chine et le Brésil. Cf. rapport de la mission d'information parlementaire française sur le Rwanda et Roméo Dallaire, J'ai serré la main du diable, Libre Expression (2003), p. 543. Parmi les pays ayant voté la résolution figure le Rwanda, représentant le gouvernement intérimaire qui conduit le génocide.
- Le Sénégal, la Mauritanie, le Niger, l’Égypte, le Tchad, la Guinée-Bissau et le Congo, cf rapport de la mission parlementaire française d'information sur le Rwanda, [1], p. 312
- Catherine Coquio, Guerre coloniale française et génocide rwandais : la responsabilité, l’implication de l’état français et sa négation, Cahiers d’histoire. Revue d’histoire critique, 2006, mis en ligne le 01 avril 2009, consulté le 11 mars 2016.
- « C’est en partie en raison de son attitude par rapport au gouvernement intérimaire qu’il lui fut difficile de faire accepter le caractère strictement humanitaire de l’opération Turquoise, puisque certains y voyaient une intention cachée de soutien au régime qui organisait le génocide. » Rapport de la mission d'information sur le Rwanda, p. 362. Voir aussi [2], fichier auditio1.rtf, p. 212-214.
- Dans son audition par la mission parlementaire française d'information sur le Rwanda, Édouard Balladur ne précise pas qui est partisan d'une telle intervention, et la mission parlementaire ne le lui demande pas. Alain Juppé, alors ministre français des affaires étrangères, précise que le gouvernement français était unanimement de l'avis d'une intervention humanitaire (Cf [3], fichier auditio1.rtf, p. 85, p. 107, p. 111). Dans son audition, M. Bernard Debré (qui sera ministre de la coopération six mois après le génocide) affirme que M. Mitterrand était favorable à une opération sur l'ensemble du territoire et au rétablissement d'un pouvoir Hutu, et que M. Balladur s'est opposé à ce dessein (cf [4] Audition de M. Debré).
- Lire aussi : Benoît Collombat, David Serveney, Au nom de la France, guerres secrètes au Rwanda, La Découverte (2014), chapitre Les trois cercles du pouvoir, qui décrit des divergences entre d'une part l'Élysée et Matignon, et d'autre part des tensions au sein du gouvernement opposant M. Balladur, soutenu par François Léotard aux chiraquiens tels qu'Alain Juppé et son directeur de cabinet Dominique de Villepin.
- Rapport de la mission parlementaire française d’information sur le Rwanda, annexe 9 - Turquoise, p. 373, [5], cité également par Patrick de Saint-Exupéry, L'inavouable, la France au Rwanda, les Arènes (2004) (ISBN 2-912485-70-3), p. 101.
- Mission d'information sur le Rwanda, audition de M Balladur
- Selon Patrick de Saint-Exupéry, l'Opération Turquoise fut « littéralement schizophrénique », les ordres étant à double volet. cf. L'inavouable, la France au Rwanda, p. 102. Plus loin, p. 143, il estime que la conjonction de la neutralité, de la détermination à arrêter les massacres et de la nécessité pour cela de rétablir l'autorité des responsables du génocide relève d'une « chimère ».
- Un colonel de l'Opération Turquoise, ancien conseiller militaire des FAR, déclara publiquement qu'il n'était pas au Rwanda pour désarmer les FAR ou les milices, mais qu'il mettrait tous les moyens à sa disposition pour défaire le FPR s'il s'avisait de s'approcher de la zone occupée par les Français. Ses propos furent repris par la RTLM. Il dut être désavoué par le Général Lafourcade. cf. Roméo Dallaire, J'ai serré la main du diable, Libre Expression (2003), p. 559-569
- Extrait de l'ordre des opérations de Turquoise, en date du 22 juin 1994 : « Affirmer, auprès des autorités locales rwandaises, civiles et militaires, notre neutralité et notre détermination à faire cesser les massacres sur l'ensemble de la zone contrôlée par les forces armées rwandaises en les incitant à rétablir leur autorité ». cf Annexe du rapport de la mission d'information de l'Assemblée Nationale sur le Rwanda, p. 387, ou encore, p. 389 « Adopter une stricte neutralité vis-à-vis des différentes factions en conflit ». Au vu de cet ordre, Patrick de Saint-Exupéry, auteur de L'inavouable, la France au Rwanda, les Arènes (2004), jugera l'opération Turquoise comme une mystification.
- Rapport de la mission parlementaire française d'information sur le Rwanda, p. 312.
- « http://www.bakchich.info/soci%C3%A9t%C3%A9/2006/09/20/trafic-d-armes-bout-turquoise-49746 Trafic d’armes »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), sur www.bakchich.info,
- Avt Gérald Mathieu, « Trente glorieuses et 10 de cœur », Air Actualités, no 507, , p. 44 (ISSN 0002-2152)
- HWR, FIDH, Aucun témoin ne doit survivre, le génocide au Rwanda, Karthala, (1999), 32
- Pour le général Dallaire commandant la MINUAR, ce délai est dû à la difficulté de réunir suffisamment de camions pour évacuer l'ensemble des réfugiés. Roméo Dallaire, J'ai serré la main du diable, Libre Expression (2003), p. 561
- « Rapport du Colonel Rosier, annexe 9.C.3 de la Mission Parlementaire de 1998 », p. 396
- Roméo Dallaire, J'ai serré la main du diable, Libre Expression (2003), p. 552-553
- Rapport de la Mission d'information sur le Rwanda
- « les Larmes de l'honneur » de Jacques Hogard, éditions Hugo Doc 2205
- David Servenay, Quand la « France officielle » parle du génocide rwandais, Rue89, 7 avril 2008.
- Cf [6], fichier auditio1.rtf, p. 94.
- Initiée par les associations Survie, Aircrige, la Cimade, l'OBSARM [réf. souhaitée] et des personnalités universitaires françaises.
- Patrick de Saint-Exupéry, L'inavouable, la France au Rwanda, Les arènes (2003), p. 260
- Audition de François Léotard, ministre français de la défense en 1994, par la mission parlementaire française d'information sur le Rwanda. François Léotard précisa que « l’opération Turquoise pouvait se résumer à la formule “un million de réfugiés protégés par un millier d’hommes” », semblant oublier que ces réfugiés étaient pour beaucoup les auteurs du génocide. Cf [7], fichier auditio1.rtf, p. 95.
- « Camps de réfugiés rwandais Zaire-Tanzanie 1994-1995 », sur www.msf.org, (consulté le )
- Rapport déclassifié no 311 DEF/DAS/SDQR/JM/LD, cité par Benoît Collombat, David Servenay, Au nom de la France, guerre secrère au Rwanda, La Découverte, (2014), p. 118
- Benoît Collombat, David Servenay, Au nom de la France, guerres secrètes au Rwanda, La Découverte (2014), p. 122
- Tribunal pénal international pour le Rwanda
- Jean-François Dupaquier: Politiques, militaires et mercenaires français au Rwanda – Chronique d’une désinformation, éd. Karthala, Paris, 2014, 479 p. (p. 369-391)
- Jacob-Duverney (2011)
- « Hanté par Turquoise, Libération juillet 1994 »
- « témoignage du Lieutenant-colonel Guillaume Ancel sur la préparation de frappes aériennes contre le FPR le 30 juin 94 »
- « témoignage adjudant-chef Prungnaud, Jeune Afrique »
- Laure de Vulpian et Thierry Prungnaud, Silence Turquoise, DonQuichotte,
- « Rwanda : l’opération turquoise et la controverse médiatique (1994-2014). Analyse des enquêtes journalistiques, des documents secret-défense et de la stratégie militaire »
- (en) « Rwanda tuez-les tous BONUS » [vidéo], sur Dailymotion (consulté le ).
- (en) « Dallaire : "Maintenir le génocide en vie" (31/10/2003) » [vidéo], sur Dailymotion (consulté le ).
- « Complices de l'inavouable : la France au Rwanda », les Arènes, 2004
- Benoît Collombat, David Servenay, Au nom de la France, guerres secrètes au Rwanda, La Découverte (2014), p. 129
- Validation des plaintes visant l'armée française au Rwanda, dépêche Reuters, 29 mai 2006.
- Benoît Collombat, David Servenay, Au nom de la France, guerres secrètes au Rwanda, La Découverte (2014), p. 130
- Validation des plaintes Génocide des Tutsi au Rwanda : non-lieu requis dans l’enquête sur l’opération Turquoise à Bisesero, Jeune Afrique, 03 mai 2021.
- « Génocide au Rwanda : non-lieu dans l'enquête sur la responsabilité de l'armée française lors des massacres de Bisesero », sur Franceinfo, (consulté le )
- « Les arènes », sur les arènes (consulté le )
Médias utilisés sur cette page
Le drapeau de la République démocratique du Congo. Conformément à la Constitution de la République Démocratique du Congo de 2006, Article 1er: Son emblème est le drapeau bleu ciel, orné d’une étoile jaune dans le coin supérieur gauche et traversé en biais d’une bande rouge finement encadrée de jaune.
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Logo de l'Armée Française
French soldiers, part of the international military force supporting the Rwandan relief effort, stand guard at the airport. (Released to Public)
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C130 Hercules lors de l'opération (embarquement à Libreville vers Goma) 24 juin 1994