Gestapo
Pour le service de la Légion étrangère, voir Division statistiques et protection du personnel de la Légion étrangère.
Ne doit pas être confondu avec Geheime Feldpolizei.
Fondation |
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Dissolution |
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Prédécesseurs |
Police secrète prussienne (en)
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Type | |
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Siège |
Prinz-Albrecht-Palais
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Pays | |
Coordonnées |
52° 30′ 26″ N, 13° 22′ 57″ E
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Fondateur | |
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Président |
Rudolf Diels (-
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Organisation mère |
La Gestapo, acronyme tiré de l'allemand Geheime Staatspolizei signifiant « Police secrète d'État », était la police politique du Troisième Reich. Fondée en Prusse par Hermann Göring, son pouvoir s'étendit ensuite, sous l'impulsion de Heinrich Himmler, à l'ensemble du Reich et des territoires envahis par ce dernier au cours de la Seconde Guerre mondiale.
Intégrée à partir de 1939 au Reichssicherheitshauptamt (ou RSHA en abrégé, « Direction générale de la sécurité du Reich ») de Reinhard Heydrich, elle fut successivement dirigée par :
- Rudolf Diels (en tant qu'organisation prussienne) de 1933 à 1934 ;
- Reinhard Heydrich de 1934 à 1936 ; puis de 1936 à 1939 (en tant que directeur de la Sipo, englobant la Gestapo) ;
- Heinrich Müller[a] de 1939 à 1945.
Chargée de lutter contre les opposants internes ou externes, réels ou supposés, puis contre les adversaires du régime nazi ou les résistants dans les pays occupés, elle fut, par ses exactions, synonyme de terreur et d'arbitraire. Elle joua un rôle essentiel dans l'extermination des Juifs d'Europe, notamment via l'Amt B4 (bureau B4), dirigé par Adolf Eichmann.
Active jusqu'aux derniers jours du régime nazi, elle fut condamnée en tant qu'organisation criminelle lors du procès de Nuremberg.
Évolution et structure
Contexte
De l'insurrection spartakiste aux actions des corps francs, de l'assassinat de Walther Rathenau au putsch de la Brasserie, la république de Weimar est marquée par une profonde instabilité et de fréquentes violences politiques, au cours desquelles s'illustre notamment la Sturmabteilung (milice) du parti nazi. L'appareil d'État allemand met en œuvre une stratégie de lutte essentiellement dirigée contre les communistes et les antinazis, exécutée par la police régulière, comme en Bavière, ou par la police politique, comme en Prusse. De son côté, à l'initiative d'Heinrich Himmler, le parti nazi se dote d'un service de sécurité interne, le Sicherheitsdienst (SD), confié à Reinhard Heydrich.
Göring et création
« Pendant des semaines, j'ai travaillé personnellement à la réorganisation pour arriver à créer, moi seul, de mon propre mouvement et de ma propre initiative, le service de la Gestapo. Cet instrument, qui inspire une profonde terreur aux ennemis de l'État, a puissamment contribué au fait qu'on ne peut plus parler aujourd'hui d'un danger communiste ou marxiste en Allemagne ou en Prusse »
— Hermann Göring, 1934[1].
Lors de l'arrivée au pouvoir des nazis en , ceux-ci mettent en place une politique de répression suivant trois axes : l'écartement, l'internement et l'élimination des opposants politiques en dehors de tout cadre légal, menés par la SA et la SS, notamment avec l'ouverture des premiers camps de concentration ; la mise en place d'un cadre juridique permettant de donner à la répression un cadre légal ; la création d'un organe consacré à la police politique, la future Gestapo.
Député au Reichstag et membre du Landstag de Prusse depuis , président du Reichstag en 1932, ministre sans portefeuille, commissaire à l'aviation et ministre de l'Intérieur de Prusse[b] dans le gouvernement d'Adolf Hitler, Hermann Göring prend les rênes de la police prussienne, la plus importante d'Allemagne, le . Il entreprend dès le lendemain la nazification en congédiant 22 commissaires sur 32 qui sont remplacés par des nazis recrutés dans les rangs des SA[2]. De plus, il arme les policiers de revolvers, jugeant les matraques de caoutchouc et les bâtons qui étaient utilisés auparavant comme des « armes méprisables » et déclare qu'il assume personnellement la responsabilité de toutes les balles tirées par un policier[3]. Dès le 22 février, Göring accroît ses forces en nommant 25 000 SA, 10 000 SS et 15 000 membres du Stahlhelm en tant que policiers auxiliaires[4],[5].
Dans cette opération d'écartement des policiers aux sentiments républicains, il dispose d'une aide précieuse, celle de Rudolf Diels qui a d'ailleurs épousé la nièce de Göring, Ilsa[6]. Chef de la section politique de la police prussienne, l'Amt IA, qui avait combattu communistes et nazis avec efficacité et énergie, Diels met ses fichiers au service du nouveau pouvoir. Ses fichiers comprennent plusieurs documents compromettants obtenus depuis plusieurs années capables de déshonorer des adversaires qu'ils soient nazis ou antinazis[5]. Diels avait obtenu notamment des lettres privées d'Ernst Röhm où ce dernier manifestait ses penchants homosexuels[5]. Immédiatement après la proclamation des lois d'urgence du pour la défense du peuple et de l'État, officiellement justifiés par l'incendie du Reichstag, la police prussienne prend part, aux côtés de la SA et de la SS à la première grande rafle d'opposants organisée à Berlin dans la nuit du au . Dès ce moment, la Gestapo[c] « pouvait agir sans restriction et sans responsabilité, pratiquer l'arrestation secrète et la détention à perpétuité sans accusation, sans preuve, sans audience. Aucune juridiction ne pouvait s'y opposer, ni ordonner la mise en liberté et réclamer un nouvel examen du dossier »[7].
Le des élections auront lieu puisque Hitler a obtenu la dissolution du Reichstag et Göring n'hésite pas à utiliser le service de police afin de servir la campagne du parti nazi[8]. D'ailleurs, au cours du mois de février, 50 personnes s'affichant antinazis furent tuées[8]. Ces élections se solderont par un nouveau succès pour le parti nazi[5]. Göring est nommé ministre-président de Prusse le , tout en conservant son poste de président du Reichstag ; c'est à ce titre qu'il fait adopter, le 23 mars, lors de l'ouverture de la nouvelle session parlementaire une loi couvrant les crimes et délits commis dans une intention patriotique, complétée, le 23 juin, par l'amnistie des condamnations prononcées contre des nazis avant la prise du pouvoir[9].
La Gestapo est officiellement créée le par un décret prononcé[pas clair] par Göring en tant que police secrète d'état ; elle est dirigée par le ministre de l'Intérieur de Prusse, c'est-à-dire Göring lui-même avec Diels comme adjoint[10]. Dans la foulée, la Gestapo, dont les activités sont jusqu'alors officiellement limitées à Berlin, ouvre un bureau dans chaque district prussien qui demeure subordonné au service central de Berlin et met en place, dès le mois de juin, un réseau de surveillance de l'opinion publique et de délation[11],[12]. Elle démantèle l'organisation clandestine du parti communiste mais enquête également sur les activités de la SA, perçue par Göring comme une rivale, et dont elle fait fermer ou transférer à la SS, ses camps de concentration « privés »[13].
À la suite des manœuvres de Wilhelm Frick (acteur majeur des lois de Nuremberg), qui n'accepte pas que la Gestapo échappe à son autorité, Diels est révoqué en , pour être remplacé par Paul Hinkler, alcoolique notoire ; son mandat dure moins d'un mois, avant le retour en fonction de Diels, qui fait aussitôt arrêter son éphémère successeur. Afin d'éviter la répétition de tels soubresauts, la Gestapo est officiellement soustraite des attributions du ministère de l'Intérieur, le , pour ne relever que du ministre-président de Prusse, c'est-à-dire, Hermann Göring[14],[d].
Le , Diels est à nouveau limogé, pour être remplacé, le , par Heinrich Himmler, Göring conservant toutefois officiellement la direction de la Gestapo[15].
Prise en main par la SS et intégration au RSHA
Pendant que Göring organise la Gestapo en Prusse, Heinrich Himmler prend petit à petit le contrôle des polices des autres États allemands : en mars 1933, il est nommé préfet de police de Munich, puis, un mois plus tard, président de la police de Bavière ; dans les mois qui suivent, il prend le contrôle des polices de Hambourg, du Mecklembourg, de Lübeck, de la Thuringe. Au printemps 1934, il dirige toutes les polices allemandes à l'exception de celle de la Prusse. Sorti vainqueur d'une lutte pour le pouvoir qui l'oppose à Kurt Daluege, le protégé de Wilhelm Frick, Himmler unifie toutes les polices allemandes dès sa nomination à Berlin et étend le champ d'action de la Gestapo à toute l'Allemagne ; à la tête du service central de la Gestapo, il nomme son plus proche adjoint, Reinhard Heydrich, déjà responsable du SD[16]. Heydrich prend comme adjoint à la direction de la Gestapo un ancien membre de la police criminelle de Munich sous la république de Weimar, Heinrich Müller, qui s'était notamment illustré dans la lutte contre les communistes[17].
Le , Himmler est nommé chef de toutes les polices allemandes (Chef der Deutschen Polizei) ; il contrôle l'Ordnungspolizei de Kurt Daluege et la Sicherheitspolizei, qui regroupe la Gestapo et la Kriminalpolizei (Kripo), dirigée par Arthur Nebe. La Sipo est chargée de lutter contre les ennemis de l'État : la Kripo poursuit « les individus qui par la suite de dégénérescence physique ou morale sont séparés de la communauté populaire et qui violent, dans leur intérêt particulier, les dispositions prises pour préserver l'intérêt général », la Gestapo s'occupant « des individus qui, comme mandataires des ennemis du peuple allemand national-socialiste, veulent détruire l'unité nationale et anéantir la puissance de l'État »[18].
Le , la Sipo est incorporée, avec le SD, au Reichssicherheitshauptamt, placé sous la direction de Heydrich. À la mort de celui-ci, en , Himmler assurera une supervision directe de quelques mois puis nommera comme successeur, Ernst Kaltenbrunner en début 1943.
Missions et pouvoirs
« La Gestapo a la tâche de rechercher toutes les intentions qui mettent l'État en danger, et de lutter contre elles, de rassembler et d'exploiter le résultat des enquêtes, d'informer le gouvernement, de tenir les autorités au courant des constatations importantes pour elles et de leur fournir des impulsions »
— Décret d'Hermann Göring du [19].
L'absence de tout cadre légal, avant le décret de Göring, n'empêche pas la Gestapo d'agir dès 1933. Sur la base des décrets des et , qui mettent en place la détention de protection (Schutzhaft), elle peut emprisonner ou interner en camp de concentration qui bon lui semble, sans limite de durée, sans chef d'accusation et sans procès. L'absence de tout contrôle juridictionnel sur les agissements de la Gestapo est officiellement confirmé le , par une loi qui indique notamment que « les ordres et les affaires de la police secrète ne sont pas sujets à l'examen des tribunaux administratifs », loi qui ne fait que confirmer un avis de la Cour administrative de Prusse de 1935, selon lequel une mise en détention de protection ne peut être contestée devant un tribunal[20].
Organisation interne
Placée sous l'autorité opérationnelle de Heinrich Müller[a] de 1936 à 1945, la Gestapo est organisée en six départements (en allemand Amt, au singulier), qui comportent plusieurs sections. La plus connue d'entre elles, la section B4, dirigée par Adolf Eichmann, va être le principal organisateur de l'extermination des Juifs d'Europe.
- Amt A : adversaires du nazisme
- Communistes, marxistes et organisations apparentées, propagande illégale ou hostile
- Contre-sabotage et mesures de sécurité générale
- Réactionnaires, libéraux, légitimistes, émigrés
- Service de sécurité, prévention des attentats
- Amt B : églises, sectes religieuses, Juifs et francs-maçons
- Catholicisme politique
- Protestantisme et sectes
- Autres églises et francs-maçons
- Juifs
- Amt C
- Fichier central, gestion du personnel, surveillance des étrangers
- Internements de protection
- Presse et publications
- Affaires du parti
- Amt D : territoires occupés et travailleurs étrangers en Allemagne
- Amt E : Contre-espionnage
- Problèmes généraux et contre-espionnage dans les usines du Reich
- Problèmes économiques généraux
- Pays de l'Ouest
- Pays nordiques
- Pays de l'Est
- Pays du Sud
- Amt F
- Police des frontières
- Passeports
- Cartes d'identité
- Police des étrangers
- Amt P : Relations avec les polices étrangères
- Referat N (1941) : centralisation des renseignements
Rôle
Élimination des opposants
Au travers de l'appareil du parti nazi, du Gauleiter au Blockleiter, la Gestapo dispose en Allemagne, « de dizaines de milliers d'oreilles et d'yeux attentifs »[21]. Mais la Gestapo proprement dite n'a pas développé un encadrement lourd de la population, en raison de l'encadrement par le parti, mais aussi des nombreuses lettres de dénonciation que ses services reçoivent tous les jours : à Cologne, en 1942, on compte 69 membres de la Gestapo pour 750 000 habitants[22]. Si le rôle réel de la Gestapo dans l'incendie du Reichstag est controversé, elle est bien au centre la préparation de la nuit des Longs Couteaux. Elle contribue à monter le dossier du faux complot de Ernst Röhm contre Adolf Hitler[23] et à rédiger la liste des personnes à assassiner[24] ; elle participe également aux meurtres et commet notamment ceux de Herbert von Bose, de Kurt von Schleicher et de son épouse et d'Erich Klausener[25].
Désormais indépendante, la SS peut mener à bien sa besogne. Le parti nazi étant reconnu parti unique, la Gestapo continue à traquer sans relâche les opposants politiques, en particulier les membres du KPD. De même, ceux qui n'entrent pas dans l'idéal du parti que les nazis appellent la Volksgemeinschaft (la communauté du peuple), sont rapidement repérés et interceptés : le fichage des homosexuels est ainsi confié à la Gestapo en 1934[26]. On commence alors à s'intéresser aux minorités en particulier aux Juifs. Le parti va mettre à la disposition de la Gestapo une base légale pour multiplier les arrestations : le , sont votées les lois de Nuremberg dans lesquelles il est disposé que tout mariage entre Juif et Allemand non-juif est strictement interdit.
Un climat général de terreur s'est installé en Allemagne. Alors que la police apparaît lors des films de propagande comme proche du peuple, les dénonciations se multiplient. Durant l'été 1936, Himmler est nommé Chef der Deutschen Polizei (chef de toutes les polices d'Allemagne) mais c'est Heydrich, son bras droit qui la dirige véritablement. En outre, le ministère de l'Intérieur possède encore un contrôle important. Les intellectuels SS ont un rôle de plus en plus déterminant au sein de la machine nazie à partir de la fin des années 1930. Werner Best, juriste et technocrate SS, est l'un d'eux. Il assiste Heydrich à la tête de la Gestapo jusqu'en 1940. Franz Six est quant à lui le concepteur du Gegnerforschung (section de la Gestapo qui traque les ennemis du Reich) et recruté par Heydrich au sein du SD. En 1938, à la suite de l'Anschluss, les dirigeants de la gauche autrichienne sont arrêtés. L'année suivante, la Gestapo établit une liste des opposants tchèques à supprimer.
Poursuite de la répression
Les oppositions grandissent contre la brutalité du régime policier. L'association de la Rose blanche, dirigée par Sophie et Hans Scholl, critique la boucherie de Stalingrad ainsi que les déportations. Dénoncés, ils sont arrêtés par la Gestapo puis décapités le 22 février 1943 près de Munich.
La police secrète traque les auditeurs des radios étrangères, dont l'usage est strictement interdit, reconnu comme un acte de trahison. Les amateurs de musique américaine (jazz et swing) sont également pourchassés puisque le régime n'autorise pas l'écoute de la « musique nègre ». Enfin, les mariages mixtes sont analysés au peigne fin. À Francfort, Heinrich Baab ordonne l'arrestation des Juifs mariés avec des Aryens : la ville va connaître des dizaines de milliers d'arrestations (1941-1943).
Au mois d'août 1943, Himmler est nommé Reichs-und Preussischer Minister des Innern (« ministre de l'Intérieur ») : il est désormais le maître incontesté du régime policier allemand.
Toute-puissance et chute
À compter de l'attentat du , la terreur devient l'un des ressorts du totalitarisme national-socialiste[27]. Cette politique se renforce au fil des mois, jusqu'au tout derniers jours du conflit. L'action de la Gestapo se focalise alors contre les opposants de longue date au régime[28], les pillards, que les policiers sont autorisés à exécuter sur le champ à partir de septembre 1944[29]. De plus, son contrôle sur les populations étrangères dans le Reich (travailleurs forcés) se renforce par la volonté de traquer systématiquement les évadés du Service du Travail[30], qui avec la désorganisation consécutive aux bombardements, forment des bandes, subsistant grâce au marché noir, de plus en plus entreprenantes au fil des mois[29]. Dans les dernières semaines du conflit, un nombre important de ces bandes sont démantelées et leurs membres fusillés[31].
Répression dans les territoires occupés
Au cours de l'année 1939, les dirigeants de la Gestapo forment leurs hommes à une prochaine entrée en guerre. Müller coordonne l'opération Tannenberg qui sera un prétexte pour attaquer sans scrupule la Pologne en septembre.
Le , Heydrich est tué dans un attentat à Prague. Cet événement intensifie la violence et les arrestations. Himmler reprend provisoirement la direction du RSHA jusqu'en , date à laquelle Ernst Kaltenbrunner lui succède. En représailles à sa mort, près de la capitale tchèque, les SS et la Gestapo rayent de la carte le village de Lidice en fusillant tous les hommes et en déportant les femmes et les enfants. En Pologne, par exemple à Lublin, le chef de la Gestapo, Oswald Gundelach (de) fait assassiner des dizaines de milliers d'innocents et organise une gigantesque rafle antijuive entre le 3 et le 4 novembre 1943 : plus de 43 000 personnes sont assassinées[32].
À Paris, c'est l'Obersturmbannführer Kurt Lischka qui dirige la Gestapo à partir de l'automne 1940 en s'installant rue des Saussaies (8e arrondissement – actuels locaux du Ministère de l'Intérieur). Le président du Conseil français, Pierre Laval, se met d'accord avec les nazis pour mener efficacement l'arrestation des Juifs par la police et la gendarmerie françaises : au total 80 000 Juifs français sont déportés.
En France, la Gestapo a aussi parfois la charge de contrôler et censurer le courrier (travail généralement assuré par la Wehrmacht) : elle appose sur les plis contrôlés un cachet rond où figure la légende « Geheime Staatspolizei » avec au centre l'aigle allemand à croix gammée. L'action de la Gestapo, en France, a bénéficié de l'aide de 6 000 agents français et de l'appui de 24 000 informateurs occasionnels[33]. Les agents français étaient dirigés par Masuy[34].
Déportation et extermination des Juifs d'Europe
Entre l'automne 1939 et le printemps 1940, Hitler veut gagner la guerre au plus vite. Il ordonne l'élimination de 70 000 personnes par les Einsatzgruppen en Europe de l'Est, en particulier en Ukraine et en Biélorussie. Les unités SS et la Gestapo prêtent main-forte à ces unités mobiles pour exterminer les hommes en âge de combattre. Avec la réquisition des moyens de la Société nationale des chemins de fer français (SNCF), c'est notamment au sein de la Gestapo dans le service IV.B.4, dirigé par Adolf Eichmann, que sont organisés tous les transports de déportés vers les camps de concentration. C'est également la Gestapo qui procède aux arrestations des Juifs — qui désormais doivent porter l'étoile jaune — et des opposants politiques en Allemagne et dans les territoires conquis.
Le , Heydrich établit un plan pour l'élimination des Juifs à « grande échelle » : l'opération Reinhard. L'objectif est de planifier l'extermination de 2 millions de Juifs polonais. Durant l'automne, Himmler ordonne sa mise en place. Le 20 janvier 1942, Müller est présent à la conférence de Wannsee, durant laquelle on coordonne la Endlösung (« Solution finale »). Le projet est diffusé au sein de la Gestapo, auxiliaire incontournable de sa mise en place. Heydrich veut faire de ses policiers non plus les modèles de la Volksgemeinschaft, mais « des policiers politiques », véritables acteurs de la Solution finale.
La Gestapo fonctionne sans aucun tribunal et décide elle-même des sanctions à appliquer. Elle s'est rendue célèbre, en Allemagne d'abord, puis dans toute l'Europe occupée, par la terreur implacable qu'engendrent ses procédés. Elle incarne l'arbitraire et l'horreur des forces nazies. La Gestapo est une police des esprits, ayant des informateurs dans toutes les couches sociales de la population. Aux 3 500 policiers allemands présents sur le territoire français, s'ajoutent 40 000 auxiliaires d'origines diverses, y compris le grand banditisme. En , Himmler obtient d'Hitler que les pouvoirs de police, dans les territoires occupés en France, soient transférés des militaires au général de police SS, Carl Oberg. La Gestapo peut alors appliquer à la France les méthodes employées en Allemagne et dans les autres territoires occupés. Dès le 10 juin, le pouvoir central nazi lui recommande d'utiliser la torture lors des interrogatoires pour arracher des aveux et des informations aux prisonniers récalcitrants. C'est le cas notamment du chef de la Gestapo à Lyon, Klaus Barbie, le « bourreau de Jean Moulin ».
Principaux agents et officiers
- Klaus Barbie (Sipo-SD Lyon)
- Werner Best (Sipo-SD Copenhague)
- Karl Bömelburg
- Theodor Dannecker (Sipo-SD Paris)
- Rudolf Diels
- Adolf Eichmann, affaires juives, Gestapo (Berlin)
- Gerhard Flesch
- Hermann Göring, fondateur de la Gestapo
- Oswald Gudenlach[réf. nécessaire][35]
- Viktor Harnischfeger (Sipo-SD Lille)[réf. nécessaire]
- Reinhard Heydrich, directeur de la Gestapo, puis chef du RSHA en français : « Office central de la sécurité du Reich » qui supervise la Gestapo, et « vice-gouverneur » du Reich en Bohême-Moravie (Prague)
- Heinrich Himmler, chef de la SS et de toutes les polices du Reich (Berlin)
- Herbert Kappler
- Ernst Kaltenbrunner, successeur d'Heydrich au RSHA (Berlin)
- Werner Knab (Lyon)[36]
- Helmut Knochen (Paris)
- Kurt Lischka (Paris)
- Heinrich Müller, chef central de la Gestapo, rattachée au RSHA (Berlin)
- Pierre Paoli
- Henry Rinnan (en)
- Walter Schellenberg
- Karl Eberhard Schöngarth
- Julius Ritter (responsable en France du STO et de la Déportation)
Notes et références
Notes
- Heinrich Müller a successivement été :
* chef des opérations de la Gestapo de 1936 à 1939 ;
* directeur de la Gestapo (en tant qu'unité « RSHA Amt IV », donc rattachée au RSHA) de 1939 à 1945.
Il a donc en permanence eu Reinhard Heydrich comme supérieur hiérarchique, jusqu'à la mort de ce dernier en . Ensuite, son supérieur hiérarchique a été : Heinrich Himmler, de manière intérimaire en 1942 ; puis de 1943 à 1945, Ernst Kaltenbrunner, le successeur de Heydrich. - Il dépend donc officiellement de Franz von Papen, ministre-président de Prusse.
- Dans les faits, elle échappe dès ce moment tant à la tutelle du ministre de l'Intérieur Wilhelm Frick, qu'à celle du ministre de la Justice, Franz Gürtner.
- Comme le souligne Jacques Delarue (Histoire de la Gestapo, p. 80-81) l'imbroglio administratif, typique du Troisième Reich est total : en tant que ministre de l'Intérieur de Prusse Frick est le subordonné de Göring, mais il est aussi son supérieur en tant que ministre de l'Intérieur du Reich.
- À la suite d'un attentat qui vient d’être commis contre Hitler à Munich le , dont l'auteur, Georg Elser est arrêté par hasard par des douaniers, alors qu'il tentait de fuir en Suisse.
Références
- J. Delarue, Histoire de la Gestapo, p. 80.
- A. Brissaud, Histoire secrète de la Gestapo, Chapitre 1 : Naissance de la Gestapo, p. 18.
- A. Brissaud, Histoire secrète de la Gestapo, Chapitre 1 : Naissance de la Gestapo, p. 18-19.
- J. Delarue, Histoire de la Gestapo, p. 50.
- A. Brissaud, Histoire secrète de la Gestapo, Chapitre 1 : Naissance de la Gestapo, p. 20.
- A. Brissaud, Histoire secrète de la Gestapo, Chapitre 1 : Naissance de la Gestapo, p. 23.
- Jacques Delarue, Histoire de la Gestapo, p. 32.
- A. Brissaud, Histoire secrète de la Gestapo, Chapitre 1 : Naissance de la Gestapo, p. 19.
- J. Delarue, Histoire de la Gestapo, p. 54.
- A. Brissaud, Histoire secrète de la Gestapo, Chapitre 1 : Naissance de la Gestapo, p. 25.
- J. Delarue, Histoire de la Gestapo, p. 55.
- A. Brissaud, Histoire secrète de la Gestapo, Chapitre 1 : Naissance de la Gestapo, p. 25-26.
- J. Delarue, Histoire de la Gestapo, p. 56-58.
- J. Delarue, Histoire de la Gestapo, p. 62.
- J. Delarue, Histoire de la Gestapo, p. 81.
- J. Delarue, Histoire de la Gestapo, p. 81-82.
- J. Delarue, Histoire de la Gestapo, p. 175.
- J. Delarue, Histoire de la Gestapo, p. 182-183.
- J. Delarue, Histoire de la Gestapo, p. 180.
- J. Delarue, Histoire de la Gestapo, p. 131.
- J. Delarue, Histoire de la Gestapo, p. 115.
- R.O. Paxton, Le fascisme en action, Paris, Seuil 2004, p. 231.
- J. Delarue, Histoire de la Gestapo, p. 147.
- Heinz Höhne (trad. Bernard Kreiss), L'Ordre noir : histoire de la SS, Casterman, , 288 p. (OCLC 407694772), p. 71.
- J. delarue, Histoire de la Gestapo, p. 156-157.
- Ce fichage par la Gestapo est cependant concurrencé à partir de 1936 par celui de la Centrale du Reich pour combattre l’homosexualité et l’avortement qui relève de la Police criminelle. Voir Florence Tamagne, « La déportation des homosexuels durant la Seconde Guerre mondiale », Revue d'éthique et de théologie morale, no 239, , p. 77-104 (ISSN 1266-0078, lire en ligne).
- R. J. Evans, Le IIIe Reich, 1939-1945, p. 797.
- R. J. Evans, Le IIIe Reich, 1939-1945, p. 800.
- R. J. Evans, Le IIIe Reich, 1939-1945, p. 816.
- R. J. Evans, Le IIIe Reich, 1939-1945, p. 817.
- R. J. Evans, Le IIIe Reich, 1939-1945, p. 819-820.
- Lire à ce sujet l'article Le traitement de la Pologne dans le cadre du Generalplan Ost.
- Dominique Lormier, La Gestapo et les Français, Pygmalion (Flammarion), 2013 (ISBN 978-2-7564-0589-6), p. 73.
- J. Delarue, Histoire de la Gestapo.
- « Geheime StaatsPolizei (Gestapo) », sur seconde guerre mondiale (consulté le )
- Cécile Denis, Continuités et divergences dans la presse clandestine de résistants allemands et autrichiens en France pendant la Seconde Guerre mondiale : KPD, KPÖ, Revolutionäre Kommunisten et trotskystes, (thèse de doctorat réalisée sous la direction d’Hélène Camarade, soutenue publiquement le 10 décembre 2018 à l’université Bordeaux-Montaigne) (lire en ligne)
Annexes
Bibliographie
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- Philippe Aziz, Au service de l'ennemi. La Gestapo française en province, Fayard, .
- Grégory Célerse, La traque des résistants nordistes, 1940-1944, Lille, Les Lumières de Lille, , 185 p. (ISBN 978-2-919111-00-8, OCLC 731901460).
- Grégory Célerse, Histoire de la Gestapo : Bruxelles, Lille, Paris, Saint-Quentin, Roubaix, Les Lumières de Lille éditions, , 169 p. (ISBN 978-2-919111-13-8, OCLC 869894531).
- Jacques Delarue, Histoire de la Gestapo, Fayard, (ISBN 2-213-02021-3).
- Jean Dumont, André Brissaud, Fabrice Laroche, Jean Mabire et François D'Orcival, Histoire secrète de la Gestapo, t. 1, Genève, Éditions de Crémille, , 258 p.
- Richard J. Evans (trad. de l'anglais par Barbara Hochstedt), Le Troisième Reich, vol. 3 : 1939-1945, Paris, Flammarion, coll. « Au fil de l'histoire », , 1102 p. (ISBN 978-2-08-120955-8).
- (en) Robert Gellately, The Gestapo and German Society : Enforcing Racial Policy 1933-1945, Oxford, Clarendon Press, , 297 p. (présentation en ligne).
- Heinz Höne, L'ordre noir, Histoire de la SS, Tournai, Casterman, .
- Édouard Husson, « La vraie histoire des Bienveillantes », L'Histoire, no 320, , p. 6-19.
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- Jean-Louis Loubet del Bayle, Police et politique. Une approche sociologique, Paris, L'Harmattan, .
- Patrice Arnaud (dir.) et Fabien Théofilakis. (dir.), Gestapo et polices allemandes : France, Europe de l'Ouest, 1939-1945, Paris, CNRS Éditions, , 277 p. (ISBN 978-2-271-08945-8, OCLC 967681434).
- (en) Roger Manvel et Heinrich Fraenkel, Heinrich Himmler : The SS, Gestapo, His Life and Career, Skyhorse Publishing, .
- Frank McDonough (trad. de l'anglais par Bernard Frumer), La Gestapo : mythe et réalité de la police secrète d'Hitler [« The Gestapo. The Myth and Reality of Hitler's Secret Police »], Paris, Fayard, coll. « Divers Histoire », , 302 p. (ISBN 978-2-213-70107-3 et 2-213-70107-5, OCLC 981123406).
- (en)+(de) Herbert Schultheis et Isaac E. Wahler, Bilder und Akten der Gestapo Wuerzburg ueber die Judendeportationen 1941 - 1943, Neustadt, Saale, (ISBN 978-3-9800482-7-9).
Documentaires télévisés
- Les fantômes de l'histoire, de Grégory Célerse et Jean-Marc Descamps, 2014, sur France 3.
-
La Gestapo de Holger Hillesheim et Wolfgang Schoen, 2005, sur Arte en trois épisodes :
- L'arme absolue d'Hitler (Hitlers schärfste Waffe),
- Terreur sans frontière (Terror ohne Grenzen),
- Fonctionnaires et tortionnaires (Henker an der Heimatfront).
Liens externes
- Page du Centre Simon Wiesenthal sur le sujet.
- Encyclopédie des survivants du génocide.
- Archives américaines (en anglais).
- Crimes de guerre des nazis et du gouvernement impérial japonais (en anglais).
- Archives de l'espion américain Fritz Kolbe (en anglais)
- (de) Die Geheime Staatspolizei (Gestapo), dans le musée virtuel LeMO du musée historique allemand (DHM).
- Crimes de guerre des nazis en Agenais.
Médias utilisés sur cette page
The Imperial Eagle or Emblem of the German Empire (German Reich, used 1935–1945), which features an eagle looking over its right shoulder, that is, looking to the left from the viewer's point of view. It is similar to the Parteiadler or Emblem of the Nationalsozialistische Deutsche Arbeiterpartei (NSDAP; known in English as the National Socialist German Workers' Party, or simply the Nazi Party), but the eagle of the latter is looking over its left shoulder, that is, looking to the right from the viewer's point of view.
The Imperial Eagle or Emblem of the German Empire (German Reich, used 1935–1945), which features an eagle looking over its right shoulder, that is, looking to the left from the viewer's point of view. It is similar to the Parteiadler or Emblem of the Nationalsozialistische Deutsche Arbeiterpartei (NSDAP; known in English as the National Socialist German Workers' Party, or simply the Nazi Party), but the eagle of the latter is looking over its left shoulder, that is, looking to the right from the viewer's point of view.
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Gestapo Radio Telegram for a list of suspected homosexuals for the Chief of Police in Dortmund, from the United States Holocaust Memorial Museum
(c) Bundesarchiv, Bild 183-R98680 / CC-BY-SA 3.0
ADN-ZB-Archiv Der Reichsführer SS Heinrich Himmler bespricht [in München] mit dem Chef der Sicherheitspolizei Reinhard Heydrich und dessen Mitarbeitern das bisherige Ermittlungsergebnis über den Bombenanschlag im Bürgerbräukeller in München am 8.11.1939 und legt die Grundlinien für die weitere Bearbeitung fest. UBz: v.l.n.r.: SS-Obersturmbannführer Huber, SS-Oberführer [Arthur] Nebe, Reichsführer-SS Heinrich Himmler, SS-Gruppenführer Reinhard Heydrich und SS-Oberführer [Heinrich] Müller 27.11.1939 [Herausgabedatum]
Abgebildete Personen:
- Huber, Franz Josef: Leiter der Geheimen Staatspolizei sowie Inspekteur der Sicherheitspolizei und des SD in den Reichsgauen Wien, Niederdonau und Oberdonau; Deutschland (GND 128480076)
- Himmler, Heinrich: Reichsführer der SS, Deutschland (GND 11855123X)
- Heydrich, Reinhard: damals SS-Gruppenführer, Leiter des SD, Chef des Reichssicherheitshauptamtes (RSHA), Deutschland (GND 118550640)
- Nebe, Arthur: SS-Oberführer, Chef der deutschen Kriminalpolizei und Direktor der Internationalen Kriminalpolizeilichen Kommission (IKPK), Deutschland(GND 118999672)
- Müller, Heinrich: SS-Oberführer, Chef des Amtes IV (Gestapo) des RSHA
(c) Bundesarchiv, Bild 183-R97512 / Auteur inconnu / CC-BY-SA 3.0
Der preußische Ministerpräsident hat die bisher den Polizeipräsidenten unterstehende politische Polizei zu einer selbständigen Behörde gemacht, und sie als Geheime Staatspolizei dem Reichssicherheitshauptamt unterstellt.
UBz: den Sitz des Geheimen Staatspolizeihauptamtes in Berlin SW 11, Prinz-Albrecht-Straße 8.Aftermath of the British bombing raid of 3 and 4 April 1945 that destroyed the Boelcke-Kaserne (Boelcke Barracks) located in the south-east of the town of Nordhausen and killed around 1300 inmates. The barracks was a subcamp of the Mittelbau-Dora Nazi concentration camp. Used as an overflow camp for sick and dying inmates from January 1945, numbers rose from a few hundred to over 6000, and the conditions saw up to 100 inmates die every day. The camp was named after Oswald Boelke.
Auteur/Créateur: Bergeland, Licence: CC BY-SA 4.0
Drapeau de l'association des victimes du gestapo
Agents allemands de la Gestapo arrêtés après la libération de Liège, en Belgique. Ils sont emprisonnés dans une cellule de la citadelle de Liège.
Heinrich Himmler and Reinhard Heydrich in Vienna, March 1938
Auteur/Créateur: Wolfmann, Licence: CC BY-SA 4.0
Misc. Nazi Germany SS items on display in "the Gestapo office" at Lofoten War Memorial Museum ("Lofoten Krigsminnemuseum") in Svolvær, Norway: torture chain, dog leash, visor cap with SS skull emblem (Totenkopf), figurine of a SS officer with German Shepherd dog, etc.
Photo taken on May 8, 2019 at the Lofoten War Memorial Museum (Lofoten Krigsminnemuseum) in Svolvær, Norway. The museum exhibits uniforms, militaria, memorabilia, smaller items, etc. related to World War II, the German occupation of Norway 1940 – 1945, and the Third Reich era.
Auteur/Créateur: Arthur Szyk , Licence: CC BY-SA 4.0
Inscribed “To the memory of my darling Mother, murdered by the Germans somewhere in the Ghettos of Poland…” Hitler, Goring, Goebbels, and Himmler are gathered around a table upon which is imprinted “Gestapo reports 2,000,000 Jews executed. Heil Hitler.” Behind them hangs a skull and crossbones banner labeled “European Coprosperity”. The faces presented here show signs of disgruntlement. Only two million? Europe needs more prosperity than this! “We’re running short of Jews…” Within the intricate detailing and ubiquitous crosshatching Szyk chose to subtly repeat the skull and crossbones imagery imbedding the motif repeatedly in the uniforms of Hitler’s henchman where it appears on their epaulettes, armbands, hat brim and chest. This most potent of euphemisms for Death is well chosen for an illustration demonstrating one of Szyk’s most profound indictments against the unfolding horrors of the Holocaust.From 1942 onwards, Szyk’s Holocaust imagery had gotten increasingly more pugnacious for in September of that year Hitler had repeated his prophecy of 1939 which was to carry out the extermination of the Jewish “race”. Part of this annihilation unfortunately included Szyk’s own mother who had been deported from the Lodz Ghetto to the Chelmek killing center that same September. It is important to realize how little publicity news of the Jewish genocide was being given in America at this time. Those who had something at stake were already keenly aware of the desperation in Europe but those who did not preferred to see it buried on the back pages with the “religious news”. Szyk’s artwork and the increasing outrage of Jewish American organizations helped to tear the veil off of Hitler’s final solution. Here, in stark black and white, Szyk boldly showed the world exactly what was going on.This is undoubtedly one of Szyk’s most important Holocaust related works of art calling attention to Germany’s planned annihilation of European Jewry. Furthermore, it is the only known work of art dedicated by Szyk to his beloved mother and, as such, has a singular place in the hierarchy of Szyk’s art. Ink&Blood, a Book of Drawings. Plate XXIII. New York: Heritage Press, 1946. PM Newspaper. July 20, 1943. Der Morgen Journal. July 21, 1943; Der Morgen Journal. July 23, 1944. Army and Navy Review. Friday, January 19, 1945. Art and Politics of Arthur Szyk. USHMM, p. 101.
The Gestapo in Negotin
(c) Bundesarchiv, Bild 183-K0108-0501-003 / CC-BY-SA 3.0
Zentralbild Rudolf Diels (1933) geb. 16.12.1900 in Berghausen/Taunus. Chef der Geheimen Staatspolizei. Bis 1933 Oberregierungsrat in der Polizeiabteilung des Preußischen Innenministeriums. November 1933 SS-Standartenführer. 40237-33
Abgebildete Personen:
- Diels, Rudolf: SS-Standartenführer, Chef der Geheimen Staatspolizei (Gestapo), Deutschland
Polish Hostages preparing by Nazi-Germans for mass execution. Palmiry near Warsaw 1940. Photo made in secret by Polish underground (resistance) intelligence service.
Auteur/Créateur: Stzeman, Licence: CC BY-SA 3.0
Members of the Geheime Staatspolizei in Klatovy 1939-1945
(c) Bundesarchiv, Bild 102-16004 / CC-BY-SA 3.0
Neueste Aufnahme des Führers Adolf Hitler mit dem Ministerpräsidenten General Hermann Göring [in der Schorfheide, 19.6.1934]