Michel Agier

Michel Agier
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Biographie
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Activité

Michel Agier, né le à Orange, en France, est un ethnologue et un anthropologue français, Directeur de recherche à l'Institut de recherche pour le développement et Directeur d'Études à l'École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS). Ses recherches portent sur les relations entre la mondialisation humaine, les conditions et lieux de l'exil, et la formation de nouveaux contextes urbains.

Participation à la vie scientifique

Chercheur invité visitant l'université de Bahia en 1991, 1992 et 1994, Michel Agier vit de 1986 à 1994 au Brésil, puis à Marseille (Vieille Charité), puis à Cali (Univalle, Colombie) de 1997 à 1999. Professeur visitant du Département d’Anthropologie de l’Université Nationale de Colombie à Bogotá en 2000. Il rejoint Marseille puis Paris en 2001. Professeur invité à l'Université Catholique de Louvain en 2004 ; visiting professor à l'université de Michigan à Ann Arbor en 2005 ; à l'université National Chiao Tung University, Hsin Chu, Taïwan en 2011 ; Professeur visitant au Centre franco-argention des hautes études et à l'Universidad de Buenos Aires, Argentine en 2011 ; Professeur invité "Chaire française au Brésil" à l'Universidade do Estado do Rio de Janeiro en 2014 ; Visiting Professor à la New School for Social Research, New York, Dept. of Politics et Zolberg Institute for Migrations and Mobility en 2015 ; Professeur visitant à l'Université de Padoue, Italie en 2018.

Il a été Directeur du Centre d'Études africaines (UMR 194 EHESS-IRD) de 2004 à 2010.

En 2018, il a rejoint le Centre d'études des Mouvements sociaux (CEMS/CNRS-EHESS-INSERM).

Il a été porteur et coordinateur du Programme ASILES (« Corps des victimes, espaces du sujet. Réfugiés, sinistrés et clandestins, de l’expérience au témoignage », CEAf/CRESP/TERRA), Ministère de la Recherche (ACI « Terrains, Techniques, Théories ») et ANR (Agence Nationale de la Recherche), de 2005 à 2009.

De 2013 à 2015, il dirige le projet "Paysage Global de Camps" au sein du programme MobGlob de l'Agence Nationale de la Recherche (ANR France)

De mars 2016 à juin 2019, il a dirigé le Programme ANR Babels "La ville comme frontière" [2]

Depuis 2018, il dirige le département Policy à l’Institut des migrations (ICM).

Depuis 2018, il est le fondateur et co-directeur de la revue semestrielle Monde commun : des anthropologues dans la cité, éditée aux PUF [3]

Thèmes de recherche

Michel Agier a mené des recherches dans des grandes villes d'Afrique et d'Amérique latine : Lomé, Douala, Salvador de Bahia, Cali. Ses enquêtes se sont déroulées dans des quartiers et milieux sociaux marginaux, subalternes ou précaires. Elles ont porté sur les mobilités sociales, les assignations et/ou mobilisations culturelles, ethniques et raciales, avec une attention particulière consacrée aux situations rituelles (carnavals, fêtes religieuses).

Depuis 2000, ses enseignements et recherches se sont orientés vers une anthropologie des déplacements et des logiques urbaines [4]. Ses enquêtes ont porté sur les espaces de regroupement des personnes déplacées, réfugiées et exilées, d'abord en Colombie puis en Afrique noire : périphéries urbaines accueillant les déplacés internes, camps de réfugiés et de déplacés, zones de transit. Plus récemment, l'accent est mis sur les situations de transit, de passage ou de fixation des migrants et réfugiés entre Afrique, Proche-Orient et Europe. Après une enquête (2009-2010) dans plusieurs pays européens sur les établissements précaires des migrants clandestins, sa recherche se poursuit au Liban sur les circulations et l'établissement urbain des migrants et réfugiés originaires du Proche-Orient ou d'Afrique.

Deux aspects conjoints sont analysés et mis en relation dans l'ensemble de ces recherches : d'une part la production des figures de « l'étranger » dans différents contextes nationaux et urbains ; d'autre part la formation et la stabilisation des marges et des espaces de frontière – camps, zones de transit, occupations urbaines illégales – comme contextes urbains en devenir. Il s'intéresse à saisir les déplacements les plus amples et divers de la mondialisation humaine actuelle, et dans ce cadre à repenser les conditions d'une vie en exil, du point de vue des lieux et des cultures recomposés.

Engagements associatifs et politiques

Parallèlement à ses recherches de terrain et ses enseignements, Michel Agier mène une réflexion depuis plusieurs années sur les effets de l'implication ethnographique et l'engagement des sciences sociales, à l'écart des deux pôles habituels de l'intervention des sciences sociales que sont l'expertise pour le pouvoir ou l'anthropologie dite "militante" (voir à ce propos l'ouvrage collectif Anthropologues en dangers et La Sagesse de l’ethnologue[1].

Michel Agier est élu au conseil d'administration de l'association MSF (Médecins sans frontières, section France) de 2004 à 2010. De cette expérience, et de ses enquêtes dans les camps de réfugiés, il tire la matière d'une vaste anthropologie critique du « gouvernement humanitaire »[2] (voir l'ouvrage "Gérer les indésirables"). Membre depuis 2003 du réseau Migreurop (regroupement de 43 associations et de 37 membres individuels dans 16 pays du Moyen-Orient, d'Afrique et d'Europe), il collabore à ce titre à l'Atlas Migreurop. Le livre Je me suis réfugié là ! Bords de routes en exil, publié en 2011, est le fruit d'une enquête menée en Europe avec Sara Prestianni, photographe et coordinatrice de Migreurop jusqu'en 2011.

Réagissant à la crise de l'accueil des migrants en 2015, Michel Agier défend l'ouverture des frontières aux migrants[3]. Il « dénonce un langage et une politique sécuritaires, entretenant l’illusion d’un possible enfermement sur soi des nations » et applaudit à la politique d'accueil de l'Allemagne tout en se disant pas « dupe des raisons économiques » de la position allemande[4].

Bibliographie

Ouvrages

  • 1983, Commerce et sociabilité. Les négociants soudanais du quartier zongo de Lomé (Togo), Paris, Éditions de l’IRD, 318 p.
  • 1995, Imagens e Identidades do Trabalho (avec N. Araujo Castro et A. S. Guimarães), São Paulo, Éditions Hucitec, 186 p.
  • 1999, Tumaco : haciendo ciudad. Historia, identidad, cultura (avec M. Alvarez, O. Hoffmann et E. Restrepo), Bogotá, Instituto Colombiano de Antropologia y Historia, IRD, UNIVALLE, 290 p.
  • 1999, L'Invention de la ville. Banlieues, townships, invasions et favelas, Paris, Éditions des Archives contemporaines, 176 p.
  • 2000, Anthropologie du carnaval. La ville, la fête et l'Afrique à Bahia, Marseille, Éditions Parenthèses/IRD (dif. PUF), 256 p.
  • 2002, Aux bords du monde, les réfugiés, Paris, Flammarion, 187 p. (traduction anglaise : On the Margins of the World, Cambridge, Polity Press, 118 p., 2008).
  • 2005, Salvador de Bahia : Rome noire, ville métisse, avec des photos de Christian Cravo, Paris, Éditions Autrement, 160 p. (Monde/Photos).
  • 2008, Gérer les indésirables. Des camps de réfugiés au gouvernement humanitaire, Paris, Flammarion, 350 p (traduction anglaise : Managing the Undesirables. Refugee Camps and Humanitarian Government, Cambridge, Polity Press, 300 p., 2010)[5].
  • 2009, Esquisses d’une anthropologie de la ville. Lieux, situations, mouvements, Louvain-la-neuve, Academia-Bruylant, 160 p. (traduction portugaise : Antropologia da cidade : Lugares, situações, movimentos, São Paulo, Editora Terceiro Nome, 2011).
  • 2013, Campement urbain. Du refuge naît le ghetto, Paris, Éditions Payot, 144 p.
  • 2013, La Condition cosmopolite. L'anthropologie à l'épreuve du piège identitaire, Paris, Éditions La Découverte, 216 p.
  • 2016, Les migrants et nous. Comprendre Babel, Paris, CNRS éditions, 57 p.
  • 2018, L'étranger qui vient. Repenser l'hospitalité, Paris, Éditions du Seuil, 150 p.
  • 2020, Vivre avec des épouvantails. Le monde, les corps, la peur. Éditions Premier parallèle, 160p

Collectifs

  • 2002, Les Mots du discours afro-brésilien en débat, Paris, Éditions de la MSH, Cahiers du Brésil contemporain, 2002, no 49-50. Sommaire
  • 2007, Terrains d’asiles. Réfugiés, déplacés, sans-papiers face aux dispositifs de contrôle et d’assistance, Asylon(s), Revue en ligne du réseau scientifique TERRA, Paris, , no 2.
  • 2011, Paris refuge. Habiter les interstices (quatre récits de F. Bouillon, S. Kassa, C. Girola et A-C. Vallet, réunis et présentés par M. Agier), Bellecombe-en-Bauge, Éditions du Croquant, collection « Carnets d’exil ».
  • 2012, Réfugiés, sinistrés, sans-papiers. Politiques de l’exception, Paris, Éditions Tétraèdre/Le Sujet dans la Cité.
  • 2012, L’Afrique des banlieues françaises (avec R. Bazenguissa Ganga), Brazzaville, Nsanga-Mvimba, Paris, Éditions Paari, collection Germod.
  • 2014, Un monde de camps, (avec la collaboration de Clara Lecadet), Paris, Éditions de La Découverte ().

Articles et chapitres d'ouvrage

  • 2002, "Between War and City. Towards an Urban Anthropology of Refugee Camps", suivi d'un débat avec Zygmunt Bauman et Liisa Malkki, Ethnography, Londres, Berkeley, Sage, vol. 3, no 3, p. 317-366.
  • 2002, "From Local Legends into Globalized Identities. The Devil, the Priest and the Musician in Tumaco", Journal of Latin American Anthropology, Miami, AAA, vol. 7, no 2, p. 140-167.
  • 2005, "Faire la ville aujourd’hui, demain. Réflexions sur le désert, le monde et les espaces précaires", in Liens et lieux de la mobilité, G. Capron, G. Cortes et H. Guetat (dir.), Paris, Éditions Belin, p. 167-178.
  • 2005, "Ordine e disordini dell’umanitario. Dalla vittima al soggetto politico", Antropologia, Roma, Meltemi, Anno 5, no 5 (dossier « Refugiati »), p. 49-65.
  • 2006, "Zwischen Krieg und Stadt", Stadt Bauwelt (Berlin), no 172, p. 50-57: [2]
  • 2009, "The Camps of the Twenty-first Century: Corridors, Security Vestibules and Borders of Internal Exile", Irish Journal of Anthropology, vol. 3 (12), p. 39-44.
  • 2010, "Il silenzio e la parola. Inchiesta sulle testimonianze dei rifugiati nei campi africaini", Studi culturali, Bologna, Editore Mulino, Anno VII, no 1, p. 3-14.
  • 2010, "Un dimanche à Kissidougou. L’humanitaire et l’Afrique, du postcolonial au global", Cahiers d’Études africaines, L (2-3-4), 198-199-200, p. 981-1001.
  • 2011, "From refuge the ghetto is born. Contemporary figures of heterotopias", in Ray Hutchison et Bruce D. Haynes (dir.), The Ghetto. Contemporary Global Issues and Controversies, Westview Press, p. 265-292.
  • 2012, "Penser le sujet, observer la frontière. Le décentrement de l’anthropologie", L’Homme, no 202-203 (automne 2012).
  • 2012, "Pensar el sujeto, descentrar la antropologia, Cuadernos de Antropologia social" (Universidad de Buenos Aires), n° 35, p. 9–27.
  • 2013, "Le Tournant contemporain de l'anthropologie. Comprendre, encore, le monde qui nous entoure", Socio, n°1 (), p. 77-93.
  • 2013, "Le Devenir-ville des campements, le devenir-citadin des migrants", Revue Diversité, n° 40, .
  • 2020, Dompter les peurs, CGT ensemble!, Décembre 2020, p16

Filmographie

  • 2010 : Ulysse clandestin de Thomas Lacoste

Liens externes

Notes et références

  1. Michel Agier, La Sagesse de l’ethnologue, Noël Jouenne, lhomme.revues.org, juillet-septembre 2006
  2. Le gouvernement humanitaire et la politique des réfugiés, Michel Agier, reseau-terra.eu, octobre 2006
  3. Soyons réalistes : 10 raisons d’ouvrir les frontières, Michel Agier et François Gemenne, nouvelobs.com, 27 juin 2015
  4. L'Europe ranimée par les migrants, merci qui ?, Michel Agier, liberation.fr, 7 septembre 2015
  5. à lire sur TERRA: le sommaire, l'introduction et l’entretien avec l’auteur en texte intégral [1]

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