Jacques Cathelineau

Jacques Cathelineau
Jacques Cathelineau
Jacques Cathelineau par Girodet.

Surnom Le saint de l'Anjou
Naissance
Le Pin-en-Mauges (Drapeau du Royaume de France Royaume de France)
Décès (à 34 ans)
Saint-Florent-le-Vieil (Drapeau de la France République française)
Mort au combat
Origine Français
Allégeance Drapeau de l'Armée catholique et royale de Vendée Vendéens
Grade Généralissime
Années de service 17931793
Conflits Guerre de Vendée
Faits d'armes Bataille de Chemillé
Bataille de Thouars
Première Bataille de Fontenay-le-Comte
Deuxième bataille de Fontenay-le-Comte
Bataille de Saumur
Bataille de Nantes
Famille Famille de Cathelineau

Emblème

Jacques Cathelineau, né le au Pin-en-Mauges (Maine-et-Loire) et mort le à Saint-Florent-le-Vieil (Maine-et-Loire), fut, au cours de la guerre de Vendée, pendant la Révolution française, le premier généralissime de l'Armée catholique et royale.

Il aurait été surnommé le « Saint de l'Anjou » par ses soutiens durant la guerre de Vendée[1].

Biographie

Jeunesse

Jacques Cathelineau naît le au Pin-en-Mauges, dans l'ancienne province d'Anjou. Son père, Jean Cathelineau, qui cumulait deux métiers, travaillant l'été comme maçon et l'hiver comme tisserand, avait épousé Perrine Hudon en 1756 qui lui donna quatre fils et une fille, Marie Jeanne (1761-1846), surnommée « Jeannic ». Les fils perdirent tous la vie pendant la Révolution française, entre 1793 et 1794, au cours de la guerre de Vendée :

  • Jean (1756-1793), mort en à Savenay, au retour de la Virée de Galerne,
  • Jacques (1759-1793)
  • Pierre (1767-1794), blessé au combat en et décédé des suites de ses blessures,
  • Joseph (1772-1793), capturé à Rochefort et exécuté à Chalonnes le [2].

Enfant, Jacques est placé chez l’abbé Yves Marchais, curé de La Chapelle-du-Genêt, dont l'influence était grande dans les Mauges. Jacques Cathelineau reçut l'enseignement spirituel de l'abbé Marchais pendant cinq ans ; il obtint à ses côtés un peu d'instruction et une éducation plus approfondie que beaucoup de jeunes hommes de sa condition.

Le , Jacques Cathelineau épouse Louise Godin, de neuf ans son aînée. Ils eurent onze enfants dont six décédèrent dans leur première année. Fils de notable bénéficiant d’un réseau de confiance solide, il ne se contente pas de gérer le patrimoine familial : il risque une partie de sa fortune pour devenir son propre maître. Cette capacité à réussir sa conversion professionnelle signe sa combativité personnelle et lui vaut la reconnaissance publique[3]. Lors du déclenchement de la Guerre de Vendée, Jacques Cathelineau exerce la profession de voiturier-colporteur. Il est également sacristain de sa paroisse ; sa réputation de grande piété lui vaut d'être appelé « le saint de l'Anjou » avant même le début de la révolte vendéenne.

Cathelineau pendant la Révolution française

Les Vendéens demandent à Cathelineau de prendre la tête de l'insurrection, peinture de Jules Gabriel Hubert-Sauzeau, 1900.

Dans les premiers mois de la Révolution française, Jacques Cathelineau semble assez indifférent à la situation politique du pays. Il entre peu à peu en résistance à l'annonce des mesures antireligieuses. Il se montre ainsi hostile à l'installation des prêtres jureurs et aux persécutions contre les réfractaires. Au cours de l'été 1791, il conduit lui-même des processions clandestines à la chapelle Notre-Dame de Charité à Saint-Laurent-de-la-Plaine et au sanctuaire marial de l’Abbaye Notre-Dame de Bellefontaine à Bégrolles-en-Mauges. Les autorités voient ces réunions d’un mauvais œil et ordonnent la destruction des sanctuaires.

L’étincelle de l’insurrection vient de la levée de 300 000 hommes décrétée le . La colère qui couve depuis plus de deux ans fait place au soulèvement. Le , des jeunes gens du district de Saint-Florent-le-Vieil rassemblés pour tirer au sort, se soulèvent contre l'autorité, battent et dispersent la force armée, puis retournent tranquillement chez eux. Cathelineau, instruit de ces événements, abandonne sa chaumière, rassemble ses voisins et les persuade que le seul moyen de se soustraire au châtiment qui les attend est de prendre ouvertement les armes et de chasser les républicains. Le 12 mars, il prend l'initiative de réunir tous les hommes valides de son village pour affronter les républicains. Vingt-sept jeunes gens le suivent, s'arment à la hâte de tous les instruments qui leur tombent sous la main, et marchent sur Jallais, en sonnant le tocsin et en recrutant une foule de paysans qu'entraîne la voix de Cathelineau. Son autorité et son charisme le placent naturellement à la tête des insurgés du Pin-en-Mauges qui écrivent ainsi le premier chapitre de la guerre de Vendée.

Jacques Cathelineau, plâtre du sculpteur François Stanislas Biron (1849-1926).

Arrivé devant Jallais le 13 mars, défendu par 80 républicains et une pièce de canon, il s'empare du poste et enlève la pièce. Bientôt Chemillé, le 14 mars, est aussi emporté après une vive résistance : cet exploit exalte toutes les têtes, de nombreux renforts viennent encore accroître la troupe de Cathelineau.

Dès le 14 mars, il compte déjà 3 000 hommes sous les armes, et avec l'aide de Stofflet il se présente devant Cholet où il est encore vainqueur. C'est alors que l'importance toujours croissante de la révolte décide les Vendéens à choisir pour chefs Bonchamps et d'Elbée.

Cathelineau conserve sous ces chefs un rang important et une immense influence sur les paysans, et il combat avec sa bravoure ordinaire à Vihiers, Chalonnes. La campagne est alors interrompue, les insurgés rentrant chez eux pour célébrer les fêtes de Pâques.

Le 9 avril, ses bandes sont de nouveau sous les armes, mais il doit évacuer Chemillé et se retirer jusqu'à Tiffauges. Avec trois mille hommes, il se joint à Nicolas Stofflet, prend avec lui Cholet, Vihiers et Chalonnes. Il s'empare de Beaupréau le 23 avril et de Thouars le 5 mai.

Ayant repoussé à La Châtaigneraie, le 14 mai, le général Alexis Chalbos, il est battu à Fontenay-le-Comte le 16 mai ; il prend sa revanche en occupant Montreuil-Bellay et Saumur le .

Après la prise de cette dernière ville, l'insurrection prend un tel degré d'importance que les chefs royalistes, quasi-exclusivement issus de la noblesse, choisissent, pour assurer l'accord des opérations, de confier le commandement suprême à un seul. Très aimé des paysans-soldats, unanimement considéré pour son intelligence et sa ferveur religieuse, incarnant aussi sans doute mieux que les autres chefs le caractère populaire de la révolte, Jacques Cathelineau est proclamé généralissime de l'Armée catholique et royale par l'assemblée des chefs vendéens le [4].

Mort

Gravure représentant Jacques Cathelineau.

Après avoir pris Angers sans difficulté le 23 juin, l'Armée catholique et royale est menée à l'attaque de Nantes, le 29 juin, qui est protégée par le maire Baco. Le nouveau généralissime se présente devant la ville de Nantes à la tête de 40 000 hommes, tandis que Charette doit le seconder avec 10 000 insurgés du Pays de Retz et du bas-Poitou au Sud de la ville. Mais cette expédition est mal combinée, elle vient échouer contre les efforts des habitants et d'une garnison de 12 000 hommes. Le 29, Jacques Cathelineau, qui attaque la porte de Rennes, pénètre jusqu'à la place Viarme où un coup de feu, tiré d'une fenêtre, le blesse. Voyant leur chef grièvement frappé, les Vendéens reculent et sont défaits.

Au soir du , alors que retentissent les derniers coups de feu, Cathelineau est transporté sur une civière en direction de Saint-Florent-le-Vieil. Ses proches accourent, bien que l’on juge son état sans gravité. Le , une fièvre violente empire son mal. Il meurt le . Sa dépouille gît en la chapelle Cathelineau à Saint-Florent-le-Vieil[5].

Son fils, Jacques-Joseph de Cathelineau, sera anobli à la Restauration. Son petit-fils, Henri de Cathelineau, sera un officier pendant la guerre franco-prussienne de 1870.

Depuis 1896, les dépouilles des trois hommes reposent au sein du même tombeau dans la Chapelle Saint-Charles à Saint-Florent-le-Vieil. Depuis 1904, les corps des trois hommes reposent dans le même monument funéraire au sein de l'église Saint-Pavin au Pin en Mauges.

Regards contemporains

« Cathelineau commandait les gens du Pin-en-Mauges et des environs. C'était, comme je l'ai dit, un simple paysan qui avait fait quelque temps le métier de colporteur pour le commerce des laines. Jamais on n'a vu un homme plus doux, plus modeste et meilleur. On avait pour lui d'autant plus d'égards, qu'il se mettait toujours à la dernière place. Il avait une intelligence extraordinaire, une éloquence entraînante, des talents naturels pour faire la guerre et diriger les soldats : il était âgé de trente-quatre ans. Les paysans l'adoraient, et lui portaient le plus grand respect. Il avait depuis longtemps une grande réputation de piété et de régularité ; tellement que les soldats l'appelaient le « Saint de l'Anjou », et se plaçaient quand il le pouvaient auprès de lui dans les combats, pensant qu'on ne pouvait être blessé à côté d'un si saint homme[6]. »

— Victoire de Donnissan de La Rochejaquelein, Mémoires.

« Ce fut à Saumur, le 12 juin, que le commandement en chef de l'armée fut dévolu à Cathelineau, d'après le vu général de l'armée. L'insurrection avait commencé par le peuple, il était juste de nommer un de ses membres. On ne pouvait mieux choisir, Cathelineau avait la confiance de tout le monde et la méritait pas sa bravoure, sa prudence et son coup d’œil juste dans les combats. Malheureusement, il n'a pas été longtemps dans ce grade, sa mort ouvrit la porte à la jalousie. Jusque-là, chaque chef était indépendant et ne se réunissait aux autres qu'à son gré ; la réunion faite, tout se décidait à la pluralité des voix. »

— Antoinette-Charlotte Le Duc de La Bouëre, Mémoires.

« Celui-ci (Jacques Cathelineau) avait reçu de la nature la première qualité d'un homme de guerre, l'inspiration de ne jamais laisser se reposer ni les vainqueurs ni les vaincus. »

— Mémoires de Napoléon.

Dans les arts

Peinture

En 1816, le roi Louis XVIII commande une série de tableaux représentant les grands chefs de la révolte vendéenne de 1793. Le tableau de Jacques Cathelineau est confié à Anne-Louis Girodet. En l'observant en 1824, le peintre et historien de l'art Charles-Paul Landon soulignera « l'énergie du pinceau, la vivacité de l'expression et ce beau fini qui distingue toutes les œuvres de Girodet. »

Le tableau va d'abord être envoyé au château de Saint-Cloud avant de rejoindre le château de Versailles en 1914 et finalement le Musée d'art et d'histoire de Cholet où il est possible de l'observer aujourd'hui.

Bande dessinée

  • Dupuy et Denoël, Cathelineau, Artège, 2013[7]

Références

  1. F. Charpentier, Chez nous en 1793 (Saint-André-Goule-d'Oie), récits d'un vieux Vendéen, (lire en ligne), p. 56
  2. Gérard Guicheteau et Jean-Joël Bregeon, Nouvelle histoire des guerres de Vendée, edi8, coll. « Synthèses historiques », , 421 p. (ISBN 9782262070793, lire en ligne)
  3. Valérie Sottocasa, « Anne Rolland-Boulestreau, Communautés rurales et Révolution (1750-1830). Les notables des Mauges », Annales historiques de la Révolution française, no 339,‎ , p. 165 (lire en ligne).
  4. « Cathelineau (Jacques) » dans Jean Tulard, Jean-François Fayard, Alfred Fierro, Histoire et dictionnaire de la Révolution française, Paris, Robert Laffont, 1987, p. 627-628.
  5. « Chapelle Cathelineau », notice no PA49000081, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  6. Victoire de Donnissan de La Rochejaquelein, Mémoires de Madame la marquise de la Rochejaquelein, sixième édition, 1848. p.151.
  7. Analyse sur PlaneteBD.com

Annexes

Bibliographie

  • « Jacques Cathelineau », dans Charles Mullié, Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850, [détail de l’édition]
  • Abbé Eugène Bossard, "Cathelineau, Généralissime de la Grande Armée Catholique et Royale", Éd. Lamulle et Poisson (Paris), Clouzot (Niort), 1893.
  • Louis-Marie Clénet, "Cathelineau, le Saint de l'Anjou", Perrin, 265 p., 1994.
  • Michel Gasnier, "Jacques Cathelineau, promoteur de la résistance vendéenne", Préface de Mgr Chappoulie, Evêque d'Angers, 246 p., 1957.
  • Eugène de Genoude, "Vie de Jacques Cathelineau, Premier Généralissime de l'Armée Catholique et Royale de la Vendée", Éd. Normant, Paris, 1821.
  • Lafond Gouzy, "Vie de Jacques Cathelineau, Premier Généralissime de la Grande Armée Catholique et Royale", 140 p., Pays et Terroirs, 2006.
  • Louis Guéry, "Jacques Cathelineau, un héros de vitrail", 112 p., Artaud Frères, 1983.
  • Stéphane Hiland, "Au nom du Christ Roi, Jacques Cathelineau, Général vendéen", Les Sentinelles-Tequi, 110 p., 2005.
  • Michel Lagrée, Francis Orhant, "Grégoire et Cathelineau ou la déchirure", Les Éditions Ouvrières, 120 p., 1988.
  • Théodore Muret, "Vie populaire de Cathelineau", Éditions Dentu, 1845, reprint Éditions du Choletais. 72 p.
  • Louis Tricoire, "Jacques Cathelineau, le généralissime de la Grande Armée Catholique et Royale", Imp. de l'Anjou, Angers, 39 p., 1988.
  • Anne Rolland-Boulestreau, "Cathelineau, Généralissime de l'Armée vendéenne en 30 questions", Geste Éd., 2001.
  • Jean Silve de Ventavon, "Jacques Cathelineau, Premier Généralissime de l'Armée Catholique et Royale de Vendée", F.Sorlot/F.Lanore, 247 p., 1988.

Articles connexes

  • Famille de Cathelineau
  • Chapelle Cathelineau

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Caricature de Louis XVI (wp-FR), roi de France, coiffé d'un bonnet phrygien.

L'image du roi est tirée d'une caricature d'époque, simplement recadrée, en mai 2004, par Jerotito (wp-FR), aujourd'hui Hégésippe Cormier). L'image portait à l'époque le nom Image:Louisaubonnet.jpg.

Jerotito a ensuite demandé à Nataraja, le 18 mai 2004, cf. [1], de retoucher à son tour l'image pour poser la silhouette du roi sur un fond reproduisant le drapeau tricolore français, ce que Nataraja a fait en recréant l'image sous le nouveau nom Image:Rév-fran0.jpg.
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