Charles de Bonchamps

Charles de Bonchamps
Charles de Bonchamps
Charles Melchior Artus de Bonchamps par Girodet

Naissance 10 mai 1760
Juvardeil
Décès 18 octobre 1793 (à 33 ans)
Varades
Mort au combat
Origine Français
Allégeance Drapeau du royaume de France Royaume de France (1777-1791)
Drapeau de l'Armée catholique et royale de Vendée Vendéens (1793)
Grade Général
Années de service 17771793
Conflits Guerre d'indépendance des États-Unis
Guerre de Vendée
Faits d'armes Bataille de Beaupréau
Bataille de Thouars
2e
Bataille de Nantes
1re Bataille de Châtillon
Bataille de Martigné-Briand
Bataille de Torfou
Bataille de Clisson
Bataille de Treize-Septiers
2e Bataille de Châtillon
Bataille de La Tremblaye
Bataille de Cholet
Hommages Statue du Pardon de Bonchamps par David d'Angers
Famille Marie Renée Marguerite de Scépeaux de Bonchamps (épouse)

Emblème

Charles Melchior Artus de Bonchamps, né le à Juvardeil en Anjou (aujourd'hui Maine-et-Loire) et mort le à Varades, est un militaire français, fils de Charles Louis Artus, marquis de Bonchamps. Il est commandant des armées vendéennes pendant la guerre de Vendée.

Il reste célèbre pour avoir gracié près de 5 000 soldats républicains à la suite de la bataille de Cholet du 17 octobre 1793, combat au cours duquel il sera mortellement blessé.

Biographie

Portrait de Charles de Bonchamps, miniature réalisé de son vivant, XVIIIe siècle.

Il participe à la campagne des Indes en 1782 et en 1783, lors de la guerre d'indépendance des États-Unis[1]. Au début de la Révolution française, il est capitaine des grenadiers du régiment d'Aquitaine[1]. Après la révolte de ce régiment à Laudau en 1791, Charles de Bonchamps se retire sur sa terre de La Baronnière, à La Chapelle-Saint-Florent, près de Saint-Florent-le-Vieil[1]. Il devient acquéreur de biens nationaux et le 1er septembre 1792 il prête serment à la Nation[2].

C'est là que les insurgés de la Vendée viennent le chercher le 13 mars 1793 pour le mettre à leur tête. Les paysans l'empêchent de monter à cheval et le contraignent à marcher à pied[2]. Sous son commandement, ils mettent en fuite la garnison de Montjean-sur-Loire. Sa femme Marie Renée Marguerite de Scépeaux de Bonchamps le suit à la guerre.

Il obtient d'abord quelques succès dans l'Anjou, et contribue à la prise de Bressuire et de Thouars mais échoue devant Nantes.

Le 17 septembre 1793, l'Armée catholique et royale, commandée par Charette et Bonchamps, rangée en ordre de bataille sur le bord de la grande route de Tiffauges à Cholet, faisant face à Torfou, est attaquée par les républicains sous les ordres de Kléber. L'attaque est si impétueuse que le village et la hauteur sont évacués presque aussitôt par les Vendéens et occupés par Kléber ; mais la retraite des vendéens n'est point une fuite ; il se range derrière les haies et les fossés. L'affaire s'engage de nouveau, et Kléber ayant l'avantage de la position, charge les vendéens à la baïonnette et les débusque ; mais les fuyards, au lieu de se jeter en arrière, filent par la gauche des républicains pour les prendre en flanc et les contourner. Cette manœuvre nécessite la retraite de Kléber après cinq heures d'un combat sanglant où les deux partis montrent un égal courage et un grand acharnement. Les soldats appartenant à la colonne mayençaise se font hacher plutôt que de rendre les armes. Cette colonne doit surtout son salut à la résolution héroïque de Chevardin, chef de bataillon des chasseurs de Saône-et-Loire.

Kléber, déjà grièvement blessé et se sentant de plus en plus pressé par les Vendéens, arrive au pont de Boussay, y fait placer deux pièces de canon. Il dit à Chevardin : « Tu vas rester ici et défendre ce passage. Tu seras tué, mais tu sauveras tes camarades ». Chevardin répond : « Oui, Général ». Il combat et meurt au poste qui lui est assigné mais le passage n'est point forcé. Après cet échec, le général en chef Canclaux ordonne au général Beysser de se porter sur Boussay. Charette et Bonchamps décident de l'attaquer. Ils se rejoignent à Montaigu et là, à la suite d'un combat où le général républicain, atteint d'un biscaïen, passe pour mort pendant quelques moments, sa colonne est mise dans un désordre complet et s'enfuit, vivement poursuivie jusqu'à Aigrefeuille.

De Montaigu, Charette marche sur Saint-Fulgent, où il bat de nouveau les Républicains, leur prend 22 canons, leurs bagages et de nombreuses munitions. Le 22 septembre 1793, Bonchamps et d'Elbée assaillent près de Clisson le général Canclaux. Déjà Bonchamps s'est emparé des chariots, des ambulances et d'une partie de l'artillerie républicaine ; mais Charette ne vient pas au rendez-vous et les Vendéens sont vaincus à leur tour.

Le 30 septembre 1793, Kléber, placé sous les ordres de Canclaux, rencontre, à deux lieues de Montaigu, les avant-postes de Bonchamps et de d'Elbée. Ces généraux sont campés de ce côté avec 40 000 hommes et une nombreuse artillerie. Kléber donne le signal de l'attaque. « Nous n'avons pas de canons, disent quelques officiers ». Le général répond « Eh bien ! reprenons ici ceux que nous avons perdus à Torfou ». Après une lutte acharnée de deux heures, les Vendéens, troublés par l'impétuosité d'une charge à la baïonnette, sont mis en déroute.

Aux combats de Saint-Christophe-du-Ligneron et de La Tremblaie, les Vendéens, commandés par Bonchamps, d'Elbée, Lescure et La Rochejaquelein, sont encore battus après une lutte sanglante. Lescure est mortellement blessé.

La mort de Bonchamps, huile sur toile de Thomas Degeorge, 1837, Historial de la Vendée, Les Lucs-sur-Boulogne.

À la bataille de Cholet, le 17 octobre 1793, 24 000 Républicains combattent contre 40 000 Vendéens découragés, très mal armés et encore plus mal disciplinés. Il y a peu de batailles où les masses se sont entrechoquées avec autant de fureur. Les Vendéens ont longtemps l'avantage. C'est le jeune général républicain Marceau qui décide la victoire à se ranger du côté des Républicains. « Jamais, dit Kléber, les Vendéens n'ont livré un combat si opiniâtre, si bien ordonné ; ils combattent comme des tigres et leurs adversaires comme des lions ». Les pertes pour les insurgés s'élèvent à 8 000 hommes tués ou blessés. D'Elbée y est blessé grièvement et Bonchamps mortellement. Ce dernier, porté à Saint-Florent-le-Vieil, ordonne la grâce et la libération de 5 000 soldats républicains pour le lendemain 18 octobre, jour de sa mort[3]. Madame de Bonchamps, morte en 1845, raconte ainsi dans ses Mémoires les derniers moments de son mari :

« Monsieur de Bonchamps, après sa blessure, a été transporté à Saint-Florent, où se trouvent 5 000 prisonniers renfermés dans l'église. La religion avait jusqu'alors préservé les Vendéens de représailles sanguinaires ; mais lorsqu'on leur annonça que mon infortuné mari était blessé mortellement, leur fureur égala leur désespoir ; ils jurèrent la mort des prisonniers. Monsieur de Bonchamps avait été porté chez Monsieur Duval, dans le bas de la ville. Tous les officiers de son armée se rangèrent à genoux autour du matelas sur lequel il était étendu, attendant avec anxiété la décision du chirurgien. Mais la blessure ne laissait aucune espérance ; monsieur de Bonchamps le reconnut à la sombre tristesse qui régnait sur toutes les figures. Il chercha à calmer la douleur de ses officiers, demanda avec instance que ses derniers ordres fussent exécutés, et aussitôt il prescrivit que l'on donnât la vie aux prisonniers ; puis se tournant, vers d'Autichamp, il ajouta : « Mon ami, c'est sûrement le dernier ordre que je vous donnerai, laissez-moi l'assurance qu'il sera exécuté ». En effet, cet ordre, donné sur son lit de mort, produisit tout l'effet qu'on en devait attendre ; à peine fut-il connu des soldats que de toutes parts ils s'écrièrent : « Grâce ! Grâce ! Bonchamps l'ordonne ! ». Et les prisonniers furent sauvés ».

Augustin Burdet, La mort de Bonchamps, gravure d'après Auguste Raffet
Statue du Pardon de Bonchamps par David d'Angers

Bonchamps meurt le 18 octobre à 11 heures du soir à La Meilleraie[4] près de Varades. Son tombeau se trouve dans l'abbatiale de Saint-Florent-le-Vieil après que ses restes ont été déplacés par sa famille au début du XIXe siècle. Monsieur de Barante, rédacteur des Mémoires de Madame de La Rochejaquelein, prétend que quelques jours après l'enterrement de Bonchamps, les Républicains l'exhument pour lui trancher la tête et l'envoyer à la Convention.

Parmi les prisonniers graciés se trouve le père de l'artiste David d'Angers. Ce dernier érige la célèbre statue du Pardon de Bonchamps dont on peut voir l'original à l'abbatiale de Saint-Florent-le-Vieil et une copie à la galerie David d'Angers, à Angers.

Regards contemporains

« Monsieur de Bonchamp, chef de l'armée d'Anjou, était un homme de trente-deux ans : il avait fait la guerre dans l'Inde avec distinction, comme capitaine d'infanterie, sous Monsieur de Suffren. Il avait une réputation de valeur et de talent que je n'ai jamais entendu contester une seule fois ; il était reconnu pour le plus habile des généraux ; sa troupe passait pour mieux exercée que les autres ; il n'avait aucune ambition, aucune prétention ; son caractère était doux et facile ; il était fort aimé dans la grande armée et on lui accordait une entière confiance. Mais il était malheureux dans les combats : il a paru rarement au feu sans être blessé et son armée était ainsi souvent privée de sa présence ; c'est aussi pour cette cause que je n'ai jamais été porté à le voir[5]. »

— Victoire de Donnissan de La Rochejaquelein, Mémoires

« Bonchamps était celui que les Rebelles chérissaient le plus et auquel on accordait en même temps les plus grands talents[6]. »

— Jean-Baptiste Kléber

Notes et références

  1. Chassin, t. III, 1892, p. 435.
  2. Gérard 1999, p. 94-95.
  3. Sous la direction de Jean Tulard, La Contre-Révolution. Origines, histoire, postérité, Paris, Perrin, coll. « Biblis », , 527 p. (ISBN 978-2-271-07595-6), p. 441.
  4. Calixe de Nigremont, « Le panthéon de l’Anjou. Charles de Bonchamps, celui qui fit grâce aux prisonniers », sur ouest-france.fr, Ouest-France, (consulté le )
  5. Victoire de Donnissan de La Rochejaquelein, Mémoires de Madame la marquise de la Rochejaquelein, sixième édition, 1848. p.148-149
  6. Jean-Baptiste Kléber, Mémoires politiques et militaires 1793-1794, Tallandier, coll. « In-Texte », , p. 52.

Bibliographie

Sources

Liens externes

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Caricature de Louis XVI (wp-FR), roi de France, coiffé d'un bonnet phrygien.

L'image du roi est tirée d'une caricature d'époque, simplement recadrée, en mai 2004, par Jerotito (wp-FR), aujourd'hui Hégésippe Cormier). L'image portait à l'époque le nom Image:Louisaubonnet.jpg.

Jerotito a ensuite demandé à Nataraja, le 18 mai 2004, cf. [1], de retoucher à son tour l'image pour poser la silhouette du roi sur un fond reproduisant le drapeau tricolore français, ce que Nataraja a fait en recréant l'image sous le nouveau nom Image:Rév-fran0.jpg.
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A dying soldier (Bonchamp) lying on a camp bed tended to by a priest. Etching by A. Burdet after A. Raffet.

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