Vote cumulatif

Le vote cumulatif est un système de vote pondéré destiné à élire plusieurs candidats. Ce mode de scrutin est efficace pour représenter les minorités et permet d'empêcher les phénomènes de tyrannie de la majorité. Il est utilisé dans certaines corporations aux États-Unis, en Russie, en Ukraine et en Suisse[1]. Il est notamment obligatoire dans 7 états américains, est recommandé par la SEC et par diverses agences en conseil de vote dont ISS, et est également généralement utilisé par les juges américains pour résoudre les conflits d'actionnaire. Il fut utilisé durant plus d'un siècle dans l'Illinois ainsi qu'au XIXe siècle en Angleterre.

Mise en œuvre

Chaque électeur possède un nombre de points X donnés, comme le nombre de sièges à pourvoir. Il distribue ce nombre de points librement entre 1 et X candidats. Les candidats récoltant le plus de voix sont élus.

Contrairement à la méthode Borda où les candidats reçoivent un nombre décroissant de points, dans le vote cumulatif, une entière liberté est donnée à l'électeur.

En général, le nombre de points attribué à chaque électeur est le même (pour réserver une égalité de poids à chaque électeur), il peut être égal au nombre de sièges à pourvoir mais ce n'est pas indispensable. Si X=1, le système devient un système de vote unique non transférable. Si X est le nombre de sièges à pourvoir et si les électeurs distribuent leur points à X candidats, le système est équivalent à un scrutin majoritaire plurinominal. Plus le nombre de points attribués est élevé, plus l'électeur peut nuancer ses choix.

Selon le système de bulletin distribué, l'électeur peut distribuer le nombre de points qu'il veut à chaque candidat (sous réserve que la somme donne X) ou bien il peut être contraint d'affecter le même nombre de points à tous ses candidats, chacun de ses n candidats récoltant X/n points

Avantages et inconvénient

Ce mode de scrutin est efficace pour représenter les minorités et permet d'empêcher les phénomènes de tyrannie de la majorité. Si la répartition des points est entièrement libre, il donne une chance à des candidats capables de recueillir soit quelques points chez beaucoup d'électeurs, soit tous les points d'une base plus réduite.

Comme tout système pondéré, ce système de vote permet à l'électeur de s'exprimer de façon plus nuancée, mais il doit choisir quelle proportion de ses points accorder en soutien à un candidat plus proche de ses préférences mais ayant moins de chances d'être élu.

Comme on l'a observé en Angleterre, les stratégies de campagne des partis sous le vote cumulatif consistent d'une part à choisir le nombre de candidats qu'ils présentent (présenter trop de candidats conduit à la division des voix) et d'autre part à suggérer aux électeurs comment distribuer leurs points.[2]

À condition de concentrer leurs points sur un unique candidat, les petits partis peuvent obtenir des sièges. Ce point a fait l'objet d'études théoriques et expérimentales par les économistes. Le système de vote cumulatif peut en effet être vu comme un cas particulier de "Storable Vote" dans lequel le vote sur les différents sujets se fait simultanément (un "sujet" étant simplement l'élection ou non d'un candidat). Même dans le cas d'une société polarisée, c'est-à-dire constituée d'une majorité et d'une minorité chacune homogène, le vote cumulatif, au contraire de la règle majoritaire, empêche une prise de pouvoir complète par la majorité[3],[4].

Références

  1. « Glossaire des élections fédérales 2015 - www.ch.ch », sur www.ch.ch (consulté le )
  2. (en) Shaun Bowler, Todd Donovan et David M. Farrell, « Party strategy and voter organization under cumulative voting in Victorian England », Political Studies, vol. 47,‎ , p. 906-917
  3. (en) Alessandra Casella, Thomas Palfrey et Raymond G. Riezman, « Minorities and storable votes », Now Publishing Inc., vol. 3, no 2,‎ , p. 165–200 (DOI 10.1561/100.00007048, lire en ligne)
  4. (en) Alessandra Casella, Jean-François Laslier et Antonin Macé, « Democracy for polarized committees: The tale of Blottos’s lieutenants », Games and Economic Behavior, vol. 10, no 106,‎ , p. 239-259 (DOI 10.1016/j.geb.2017.10.009)