Jacquemart de Hesdin

Jacquemart de Hesdin
Naissance
ou vers
Hesdin (?)
Décès
ou
Période d'activité
Activités
Peintre, enlumineur
Lieu de travail
Mécène
Œuvres principales
Les Grandes Heures du duc de Berry, Les Petites Heures de Jean de Berry, Psautier de Jean de Berry, Les Très Belles Heures du duc de Berry (?)

Jacquemart de Hesdin (actif entre 1384 et après 1413) est un enlumineur français du Gothique tardif. La transcription de son nom varie au cours de sa vie, et on le trouve aussi sous le nom de Jacquemart de Odin[1].

Biographie

Le Portement de Croix par Jacquemart, avant 1409 (Louvre)[2].

Jacquemart était un peintre de l'Artois. Hesdin, ville dont il tient son nom, était une citadelle fortifiée du Pas-de-Calais, faisant alors partie de la Flandres, et appartenant aux ducs de Bourgogne[3]. Il y est probablement né. Il était un des nombreux artistes flamands à travailler pour la famille royale française du milieu du XIVe siècle[4].

Son seul mécène connu, Jean de Berry (1340–1416), était un des frères de Charles V de France[5]. Quand Charles V mourut en 1380, son fils Charles VI était mineur, et Jean de Berry et ses frères Louis Ier (1339–1384) et Philippe II de Bourgogne (1342–1404), servirent de régents de France jusqu'en 1388. Ils régnèrent encore entre 1392 et 1402, par suite de la folie du jeune Charles VI. Jean de Berry dépensa d'énormes sommes pour sa collection d'art, et il avait de nombreuses dettes à sa mort en 1416[6].

Avec le maître architecte de Jean de Berry, Guy de Dammartin, les frères de Limbourg, et l'enlumineur André Beauneveu et son élève Jean de Cambrai, Jacquemart était considéré comme un ami et un protégé du duc. Toute sa carrière se déroula à Bourges, capitale de la province de Berry, dans la cour de Jean, duc de Berry. Il resta activement à son service de 1384 à 1414[5] et contribua grandement à ses fameux livres enluminés, dont Les Très Belles Heures du duc de Berry[7], les Grandes Heures, les Petites Heures, et un livre de psaumes, souvent en collaboration avec les frères de Limbourg et le Maître de Boucicaut[5].

Le , Jacquemart reçut son premier salaire du serviteur de Jean, duc de Berry, pour couvrir les dépenses que lui et sa femme avaient réalisées à Bourges, et pour ses vêtements pour l'hiver approchant[4]. Après 1384, il commença à percevoir un salaire régulier[4]. En 1398, alors qu'il travaillait pour le duc de Berry au château de Poitiers, il fut accusé avec son assistant Godefroy et son beau-frère Jean Petit du plagiat de couleurs et de motifs de Jean de Hollande dit « Jean sans Mercy »[8], un autre peintre au service du duc[4]. Jacquemart réside à Bourges en 1399[4].

Les Très Belles Heures du duc de Berry (appelé aussi Les Heures de Bruxelles, de la ville où elles furent longtemps conservées) est son chef-d'œuvre. Le livre est cité dans un inventaire de la bibliothèque du duc de Berry de 1402[1]: « Unes très belles heures richement enluminées et ystoriées de la main Jacquemart de Odin. » Elles disparurent pendant plusieurs siècles, mais il est généralement accepté que l'exemplaire de la Bibliothèque Royale de Bruxelles est celui cité dans l'inventaire[9].

L'Annonciation, miniature de Jacquemart de Hesdin tirée des Petites Heures de Jean Ier, 1400.

On pense que les Petites Heures[10] datent d'avant 1388, mise à part une miniature du duc de Berry lui-même, réalisée par les frères de Limbourg. D'après Millard Meiss, au moins cinq peintres différents ont travaillé sur ces enluminures, dont Jacquemart. L'un d'eux est surnommé le Pseudo-Jacquemart[11].

Style

Quatre têtes, carnet d'esquisses du cercle de Jacquemart de Hesdin, folio 2, vers 1400.

Selon Anne Granboulan[12], Jacquemart « montre une certaine maîtrise de la représentation de l'espace, ce qui montre qu'il avait parfaitement assimilé la leçon de Barna da Siena ». Elle mentionne aussi l'attestation de « nouvelles tendances naturalistes dans le Nord, à l'opposé de l'art idéaliste de Jean Pucelle »[5].

La sixième édition de la Columbia Encyclopedia précise que Jacquemart fut influencé par les peintures de Barna da Siena, et son travail « montrait des intérieurs architecturaux élaborés servant à placer les figures dans des espaces plausibles »[13]. Étudiant les œuvres de Pucelle et des peintres italiens, Jacquemart développa ses propres techniques de modelé et de rendu de l'espace, et modifia le réalisme caractéristique des peintures flamandes de l'époque[4].

Il est aussi connu pour ses notes, commentaires, et figures d'animaux et de végétaux qui ornaient ses pages manuscrites[13]. Un carnet d'esquisses, composé de six plaquettes de buis et conservé à la Pierpont Morgan Library, datant des environs de 1400, lui a été attribué, mais on considère maintenant qu'il est l'œuvre d'artistes appartenant à son entourage[14].

Œuvres attribuées

  • Grandes miniatures des Grandes Heures du duc de Berry, une seule subsistante, Le Portement de Croix (vélin transposé sur toile, 38 X 28 cm) conservé au Musée du Louvre[15]
  • Quelques miniatures des Petites Heures du duc de Berry, vers 1385
  • deux miniatures du Psautier de Jean de Berry, vers 1386
  • Les Très Belles Heures du duc de Berry, avant 1402

Voir aussi

Bibliographie

  • Martin Conway, « Jacquemart de Hesdin », The Burlington Magazine for Connoisseurs, vol. 29, no 158,‎ (JSTOR 860225)
  • François Avril, Nicole Reynaud et Dominique Cordellier (dir.), Les Enluminures du Louvre, Moyen Âge et Renaissance, Paris, Hazan - Louvre éditions, , 384 p. (ISBN 978-2-7541-0569-9), p. 157-159 (notice 81 rédigée par Inès Villela-Petit)

Articles connexes

Liens externes

Références

  1. Conway 1916
  2. Le Portement de Croix. Feuillet des Grandes Heures de Jean de Berry.
  3. Régis Deparis, Promenades dans Hesdin (2004)
  4. Notice du Grove Art Online
  5. (en) Anne Granboulan, Jacquemart of Hesdin (14th-15th cc) sur Google Livres in Encyclopedia of the Middle Ages, par André Vauchez, Richard Barrie Dobson, et Michael Lapidge, trad. Adrian Walford (London, Routledge, 2001, (ISBN 1-57958-282-6)), pp. 751-752
  6. Lehoux, Françoise, Jean de France, duc de Berri : sa vie, son action politique (1340-1416) (Paris, A. Picard, 1966-1968, 4 vols.)
  7. Bruxelles, Bibliothèque royale, MS 11060-11061
  8. Les Très riches Heures de Nostre Dame, livre d'Heures du duc Jean de Berry. Paul Durrieu.Persée (portail).
  9. Les Enluminures du Louvre, p.157
  10. Bibliothèque nationale, MS lat. 18.014
  11. Meiss, Millard, French Painting in the Time of Jean de Berry (New York, 1967)
  12. Revu de l'art, publication 1994. Persée (portail).
  13. "Hesdin, Jacquemart de", dans la Columbia Encyclopedia (6e édition), accessible en ligne sur encyclopedia.com (vérifié 16 février 2008)
  14. Le Dessin français. Chefs-d'œuvre de la Pierpont Morgan Library, The Pierpont Morgan Library/Réunion des musées nationaux, New York/Paris, 1993.
  15. Notice de la base Atlas

Médias utilisés sur cette page

Jacquemartdehesdin.jpg

Le carnet de dessin de Jacquemart de Hesdin/ Charles VI avec Isabeau de Bavière et deux personnages de la cour

Il s'agit d'un petit carnet conservé à la Bibliothèque Pierpont Morgan de New york cote M.346, composé de 7 folios. Son matériau est particulier, il s'agit de petites planches fines de buis recouverte d'un gesso crayeux blanc (12,9 x 7 cm) relié par de fines bandes de parchemin. ce support était beaucoup utilisé par les artistes car il permettait un effacement rapide du dessin ou du croquis antérieur ; excellent pour le dessin d'étude et les exercices. La preuve dans ce carnet qu'utilise Jacquemart de Hesdin Peintre enlumineur des années 1380-1400 car il a ajouté ou remplacé ces propres compostions à des dessins antérieur de 30 ans au moins; les premiers dessins de ce carnet sont attribué à l'atelier de Jean Pucelle ou au Maître du Remède de Fortune c'est a dire vers 1350-1360. Ce carnet sera d'ailleurs complété par un maitre allemand anonyme vers 1450. ce parcours est significatif de la transmission des précieux modèles au Moyen Age.