Dimitri Obolensky

Dimitri Obolensky
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Biographie
Naissance
Décès
(à 83 ans)
Oxfordshire
Nationalité
Formation
Trinity College (Cambridge)
Activités
Historien, érudit classique
Père
Dmitry Obolensky (en)
Mère
Mariya Shuvalova (d)
Autres informations
A travaillé pour
Domaine
Médiévisme
Membre de
Distinctions
Fellow of the Society of Antiquaries
Membre de la British Academy
Knight Bachelor
Obolensky v2 p3.png
blason
Œuvres principales
Byzantine commonwealth (d)

Sir Dimitri Obolensky FBA FSA[N 1] (en russe : "Дмитрий Дмитриевич Оболенский") ( à Saint-Pétersbourg en Russie - à Burford dans l'Oxfordshire) est historien anglo-russe.

Au cours de la révolution russe, sa famille qui appartenait à la grande noblesse se réfugia en France. Lui-même s’installa en Grande-Bretagne où il mena une carrière universitaire à Trinity College de Cambridge, puis à Oxford; spécialisé dans la littérature russe et l’histoire des Balkans, il devint un conférencier recherché et écrivit plusieurs volumes dont le plus célèbre, The Byzantine Commonwealth, contribua à faire mieux apprécier l’histoire, les valeurs et la civilisation de l’Europe de l’Est en Occident.

Les premières années

Né prince Dimitri Dmitrievitch Obolensky, celui qui devint le professeur Sir Dimitri Obolensky était le fils du prince Dimitri Alexandrovitch Obolensky (1882-1964) et de la princesse Obolenskaïa, née comtesse Maria Chouvalova (1894-1973)[1]. Il comptait parmi ses ancêtres les plus grands noms de l’histoire russe : Riourik, Igor, Sviatoslav, saint Vladimir de Kiev, saint Michel de Tchernigov et le prince Mikhaïl Semionovitch Vorontsov. Toutefois, comme l’écrivit un de ses étudiants, « c’était un universitaire suffisamment lucide pour savoir que Riourik n’avait peut-être jamais existé[2] ».

Né à Petrograd un an après l’abdication de l'empereur Nicolas II, ses premiers mois se passèrent au château Vorontsov à Aloupka en Crimée. L’année suivante, il quitta la Russie avec ses parents et divers membres de la haute noblesse russe à bord d’un navire de la Royal Navy. Ses parents s’établirent modestement à Paris où sa mère se remaria au comte André Tolstoï. Le jeune Dimitri fut d’abord envoyé à l’école de Lynchmere à Eastbourne (Angleterre) avant de revenir étudier au Lycée Pasteur à Neuilly-sur-Seine. Il retourna en Angleterre où il devait se fixer après avoir été élu Fellow du Trinity College à Cambridge (1942-1948)[3].

Sous l’influence de Dame Elizabeth Hill, il délaissa le département de philosophie où il s’apprêtait à s’inscrire et se passionna pour l’histoire de la Russie et des Balkans. Sa thèse porta sur les Bogomiles, secte hérétique des Balkans au Moyen Âge; elle fut publiée en 1948 sous le titre The Bogomils : A Study in Balkan Neo-Manichaeism[4].

Carrière universitaire

C’est également à Trinity College qu’il commença sa carrière d’enseignant en 1948. Parmi les prédécesseurs qui influencèrent sa vision de l’histoire figurent le jésuite Francis Dvornik (1893-1975) et Sir Steven Runciman (1903-2000). Parmi ses contemporains, il fut particulièrement près de John Fennell qui devint son beau-frère en 1947 après qu’il eut épousé Elisabeth Lopoukhina, également émigrée russe dont il devait se séparer en 1989. Les deux hommes devaient collaborer à plusieurs publications au cours des ans[4],[5].

En 1949, il quitta Cambridge pour aller enseigner l’histoire de la Russie et des Balkans à l’université d’Oxford où il fut nommé titulaire de la chaire en 1961, professeur émérite en 1985 et étudiant émérite du Christ Church (1985). En 1962, il publia la première édition du Penguin Book of Russian Verse qui devait contribuer à faire connaître son nom. Ce livre fit découvrir au monde occidental des poètes et écrivains russes du XIIe siècle à la Révolution russe, tels que Mandelstam ou Anna Akhmatova[2],[5]. Demeuré très attaché à la Russie, il manifesta toujours une grande impartialité à l’endroit des événements se produisant dans sa patrie d’origine ce qui lui permit d’y nouer de nombreux contacts comme D.S. Likhachov qui travaillait sur des sujets similaires et de faire venir Anna Akhmatova à Oxford pour y recevoir un doctorat en 1965[2],[5].

En 1971 devait paraître « The Byzantine Commonwealth »[N 2] dont le titre était un hommage indirect au pays dont il avait pris la nationalité en 1948. S’inspirant d’un article paru en 1950 dans le Oxford Slavonic Papers, « Russia’s Byzantine Heritage », le livre visait à montrer comment, par un phénomène d’acculturation, les peuples d’Europe de l’Est soumis à l’empire byzantin ou en contact lui, en reconnaissant la primauté de l’Église orthodoxe et de l’empereur byzantin, purent participer et, ultimement, contribuer à une tradition culturelle commune, tout en conservant leur identité propre et, dans une mesure variant suivant les cas, leur autonomie politique. Le livre se distinguait par son approche géopolitique analysant dans un long chapitre d’introduction comment la géographie et le climat de la région avaient influencé le développement culturel de ces peuples. Après avoir créé une certaine surprise, l’approche fut adoptée et servit à modifier considérablement l’attitude occidentale à l’endroit de l’histoire, des valeurs et de la civilisation de l’Europe de l’Est[4],[5].

S’il publia peu de livres, Dimitri Obolensky fut un conférencier infatigable, faisant de fréquents séjours à Dumbarton Oak (Washington, EUA) où il avait fait des recherches dans les années 1950 en compagnie de Francis Dvornik et au Wellesley College (Massachusetts, EUA). Il organisa ou présida de nombreux congrès internationaux, tel le congrès des études byzantines qui se tint à Oxford en 1966 au cours duquel il fit une conférence où il démontra grâce au film du couronnement d’Élisabeth II les influences byzantines sur la cérémonie du sacre[5],[4].

Il fut élu fellow de la Society of Antiquaries, puis fellow en 1974 puis vice-président de la British Academy de 1983 à 1985. La Première ministre Thatcher lui nomme Knight Bachelor en 1984[3].

Chrétien convaincu, maintenant le contact avec les théologiens orthodoxes de Paris et travaillant avec la communauté d’Emmaüs, il retourna en Russie en 1988 après avoir été élu délégué officiel laïc au sabor (concile) lors des fêtes marquant le millième anniversaire du baptême du prince Vladimir. Il fut également très actif comme vice-président du Keston Institute, un centre d’étude sur le rôle de l’Église en pays communistes[3],[2].

Le jour de son quatre-vingtième anniversaire, il compléta son dernier ouvrage qui devait paraitre l’année suivante, Bread of Exile, une collection de six mémoires venant de parents plus âgés auxquels il ajouta ses propres souvenirs. Toujours modeste, il évita d’utiliser le titre de « prince » lui venant de sa famille, ne mentionna pas que sa grand-mère avait été courtisée par le futur Nicolas II et préféra parler des liens unissant sa famille aux lointains ancêtres riourikides plutôt qu’aux Romanov contemporains[4].

Il s’éteignit à Burford, le , enterré au cimetière de Wolvercote dans l'Oxfordshire.

Personnalité

D’un naturel effacé, quelque peu timide, et sachant écouter, Dimitri Obolensky détestait le carriérisme. Parfaitement trilingue et aussi à l’aise en anglais qu’en français et en russe, il était doté d’une voix grave et mélodieuse dont il savait jouer avec élégance dans ses conférences; ses talents de comédien enchantaient ses auditeurs. Ses lectures de poésie, particulièrement de Pouchkine sont demeurées célèbres. Ses talents musicaux, aussi bien pour la musique sacrée que profane, étaient également mémorables[2],[5].

Il se distinguait particulièrement par la parfaite courtoisie et l’extrême politesse avec lesquelles il traitait aussi bien ses collègues que ses étudiants et qui l’empêchèrent toujours de tenir quelque propos blessants que ce soit à l’endroit de quiconque[5].

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Famille

Sir Dimitri Obolensky se marie (div.) avec Elisabeta Nikolaïevna Lopoukhine (1916 - 2006), sans issu[6].

Voir aussi

  • British Academy
  • Society of Antiquaries

Œuvres

  • The Bogomils : A Study in Balkan Neo-Manichaeism (1948)
  • The Penguin Book of Russian Verse (editor, 1962, souvent réédité depuis)
  • The Christian Centuries, vol 2: The Middle Ages (1969)
  • Byzantium and the Slavs (1971)
  • The Byzantine Commowealth (1971)
  • Companion to Russian studies, 3 vol. (Joint editor 1976-1980)
  • The Byzantine Inheritance of Eastern Europe (1982)
  • Six Byzantine Portraits (1988)
  • Bread of Exile (1999)

Notes et références

Notes

  1. Fellow of the British Academy
  2. (en) Dimitri Obolensky, The Byzantine Commonwealth, Eastern Europe. 500-1453, London, Phoenix Press, 1971

Références

  1. (en)www.sothebys.com
  2. (en) The Independent, 31 déc. 2001
  3. (en) Michael Bourdeaux, « Sir Dimitri Obolensky », The Guardian, 4 jan. 2002
  4. (en) « Professor Sir Dimitri Obolensky », The Daily Telegraph, 7 jan 2002.
  5. (en) « Professor Sir Dimitri Obolensky, 1918-2002 », The Society for the Promotion of Byzantine Studies
  6. Portraits Russes des XVIIIe et XIXe siècles (1909)

Bibliographie

  • « Professor Sir Dimitri Obolensky », The Daily Telegraph, 7 Jan. 2002 www.byzantium.ac.uk.
  • Bourdeaux, Michael. « Sir Dimitri Obolensky », Obituaries, The Guardian, 4 Jan. 2002
  • Bryer, Anthony. “Obituary : Professor Sir Dimitri Obolensky”, The Independent, 31 Dec. 2001 www.russialist.org
  • Millner-Gulland, Robin. “Professor Sir Dimitri Obolensky, 1918-2002”, The Society for the Promotion of Byzantine Studies, 2002. www.byzantium.ac.uk

Liens externes

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The badge of a British knight bachelor, created in 1926 on the orders of H.M. King George. The badge was created on the orders of HM King George in 1926. Upon an oval medallion of vermilion, enclosed by a scroll a cross-hilted sword belted and sheathed, pommel upwards, between two spurs, rowels upwards, the whole set about with the sword belt, all gilt.