Copi

Copi
Copi y Susana Giménez.jpg
Copi avec l'actrice argentine Susana Giménez en 1969.
Biographie
Naissance
Décès
(à 48 ans)
Paris (France)
Nom de naissance
Raúl Damonte Botana
Surnom
Copi
Nationalité
Activités
Père
Raúl Damonte Taborda (d)
Autres informations
A travaillé pour

Raúl Damonte Botana, dit Copi, est un romancier, dramaturge et dessinateur argentin francophone, figure majeure du mouvement gay, né le à Buenos Aires et mort le à Paris[1].

Biographie

Élevé en grande partie à Montevideo (Uruguay), dans une famille argentine parfaitement francophone dont le père est directeur de journal et député anti-péroniste, tirant peut-être du goût de ce dernier pour la peinture un talent précoce pour le dessin, il collabore dès l’âge de 16 ans au journal satirique Tía Vicenta[2].

Les activités politiques de son père l’obligent à s'exiler en sa compagnie à Haïti puis à New York. En 1963, il le quitte pour s’installer à Paris dans l’espoir d’y vivre de sa passion, le théâtre. Mais sa maîtrise imparfaite du français le conduit à vivre dans un premier temps du dessin. Sous le nom de « Copi », il entre alors à Twenty, puis à Bizarre[2]. C'est dans cette dernière revue qu’à l’automne 1964, Serge Lafaurie, à la recherche d’une bande dessinée pour Le Nouvel Observateur, le remarque.

S’il amorce alors sa collaboration à l’hebdomadaire de la rue d’Aboukir, il dessine aussi pour Hara-Kiri, Charlie Hebdo et leur homologue italien, Linus. Se distinguant par un graphisme aigu et un humour surréaliste, il atteint la notoriété dans la série La Dame assise avec son personnage de dame assise au gros nez et aux cheveux raides qui, figée sur sa chaise, monologue, ou dialogue avec un volatile informe. Selon Marilú Marini[3],

« [il a] créé son exact opposé avec cette femme pleine d’a priori qui veut rester sur sa chaise sans bouger, car tout ce qui peut ébranler ses convictions est pour elle un grand danger. »

En 1967, il est avec Guido Crepax et Jules Feiffer le premier auteur de bande dessinée à recevoir un prix de bande dessinée remis en Europe, la tour Guinigi d'or remise lors du Salon international des bandes dessinées de Lucques.

Avec les revenus qu’il tire du dessin, il peut ainsi se livrer à sa passion en compagnie de ses amis Victor Garcia, Alejandro Jodorowsky, mais aussi Jérôme Savary qui est le premier, en 1964, à monter de courtes pièces qu’il a écrites. Jorge Lavelli prend la suite en montant Sainte Geneviève dans sa baignoire, La Journée d'une rêveuse au Lutèce (1966) et L'Homosexuel ou la Difficulté de s'exprimer (1967) où Copi joue lui-même un travesti délirant (c'est encore Copi qui, en tant qu'acteur, fait une apparition en travesti décalé dans le clip publicitaire « C'est fou ! » pour Perrier)[4]. Car s’il dénonce le régime argentin comme dans Eva Peron (montée à Buenos Aires en 1970), il est proche du mouvement du Front homosexuel d'action révolutionnaire (FHAR) qui traduit un rapprochement entre l'extrême-gauche maoïste et les homosexuels. Depuis 2000 le metteur en scène Marcial Di Fonzo Bo monte l'intégrale de Copi et compte parmi ses comédiens Pierre Maillet, Élise Vigier, Marina Foïs, Philippe Marteau.

Compagnon de la figure de proue du mouvement gay Guy Hocquenghem, il suit ce dernier à Libération où, avec Jean-Luc Hennig, Christian Hennion ou la militante trans Hélène Hazera, ils forment à partir de 1973 un petit groupe d’homosexuels au sein de la rédaction. L'été 1979, de juin à août, il dessine une petite créature inventée sur mesure pour le quotidien : Libérett'. Ses dessins politico-pornographiques, mâtinés d'humour noir et franchement potaches, réagissent à l'actualité en s'en moquant et font rapidement scandale. Un terme est mis à l'aventure Libérett' dès la fin du mois d'août 1979. Libération rappellera pourtant Copi en 1982 où il reviendra avec un autre personnage, plus sage cette fois-ci : Kang le kangourou, dont les dessins seront compilés plus tard dans un album du même nom.

Auteur de nombreuses pièces dans la deuxième moitié des années 1970 et la première partie des années 1980, il meurt des suites du sida à 48 ans en 1987, alors qu'il était en pleine répétition d’Une visite inopportune, dont le personnage principal est un malade du sida qui se meurt dans un hôpital.

Hommage

Lors de la séance de décembre 2018, le Conseil de Paris a voté le vœu de l'apposition d'une plaque commémorative en sa mémoire rue Cauchois, dans le 18e arrondissement[5].

Œuvres

Romans et nouvelles

  • L'Uruguayen, Christian Bourgois, 1973
  • Le Bal des folles, Christian Bourgois, 1977
  • Une langouste pour deux, Christian Bourgois, 1978. Nouvelles
  • La Cité des rats, Belfond, 1979
  • La Vie est un tango, Hallier, 1979
  • La Guerre des pédés, Albin Michel, 1982
  • Virginia Woolf a encore frappé, Persona, 1983. Nouvelles
  • L'Internationale argentine, Belfond, 1988

Théâtre et opéra

Bandes dessinées

Notes et références

  1. Source : bio de Copi sur le site de Christian Bourgois Éditeur.
  2. « Copi dans Charlie Mensuel », sur BD oubliées (consulté le ).
  3. Créatrice au théâtre, en 1984, de La Femme assise d'après la BD.
  4. Voir à ce sujet le commentaire de Jean-Claude Dreyfus dans son interview sur le site de Culture Pub.
  5. « Conseil de Paris ».

Voir aussi

Bibliographie

Témoignages

Jorge Damonte (préf. Christian Bourgois, ill. photos noir et blanc Jorge Damonte), Copi, Paris, Christian Bourgois éditeur, , 96 p., 24,5 cm × 31 cm, relié (cartonnage), in-8 (ISBN 2-267-00799-1)

Textes rassemblés par Jorge Damonte, frère de Copi. Avec, entre autres témoignages, ceux de Alfredo Arias, Michel Cournot, Jorge Lavelli, Myriam Mézières, Jérôme Savary. Document utilisé pour la rédaction de l’article

Études

  • Claudine Vigouroux, « Une visite inopportune », dans Michel Vinaver (dir.), Écritures dramatiques. Essais d'analyse de textes de théâtre, Arles, Actes Sud, (ISBN 978-2742729012)
  • Isabelle Barbéris, Catherine Dousteyssier-Khoze (dir.) et Floriane Place-Vergnes (dir.), « Copi, le travestissement entre parodie et vanité », Modern French Identities, Berne, Peter Lang, no 55 « Poétiques de la parodie et du pastiche de 1850 à nos jours »,‎ (ISBN 9783039107438)
  • Isabelle Barbéris, Florence Fix (dir.) et Frédérique Toudoire-Surlapierre (dir.), « L’Épopée verbale de Loretta Strong », dans Le Monologue au théâtre (1950-2000). La Parole solitaire, Dijon, Éditions universitaires de Dijon, coll. « Écritures », (ISBN 291555255X)
  • Olivier Neveux, « Rire comme une folle… Sur d’éventuels effets politiques de la parodie La Tour de la Défense de Copi », Recherches et Travaux, Grenoble, Université Stendhal-Grenoble 3, no 69 « Du comique dans le théâtre contemporain »,‎ (ISBN 9782843100994)
  • Martine Gossieaux, « Copi », dans La Passion du dessin d'humour, Paris, Éditions Buchet-Chastel, coll. « Les Cahiers Dessinés », (ISBN 9782283022696), p. 78-81
  • Isabelle Barbéris et Thibaud Croisy, « Copi, la mémoire au frigo », sur Rue89, 2 avril 2013
  • Lionel Souquet, « L'Immoderato cantabile d'un Argentin francophone », in Littératures en mutation, écrire en situation bilingue, sous la direction de Françoise Morcillo et de Catherine Pélage, Orléans, éditions Paradigme, 2013, p. 131-158
  • Thibaud Croisy, « Le temps d'un été, Copi libère "Libé" », blog du Monde diplomatique, juillet 2013
  • Isabelle Barbéris, Les Mondes de Copi, Machines folles et chimères, ed. Ôrizons, Paris, 2014
  • Thibaud Croisy, « Mais si, Bibine, les pédés font leur strip ! », dans Vive les pédés, Copi, Éditions de l'Olivier/Cornélius, coll. « Olivius », 2014, p. 5-14
  • Lionel Souquet, Copi et Puig, ovnis du théâtre argentin ?, ILCEA, 22| 2015, mis en ligne le
  • Thibaud Croisy, « Copi, ou les métamorphoses du mauvais esprit », in Contre-cultures 1969-1989 – L'Esprit français, sous la direction de Guillaume Désanges et François Piron, La Découverte/La Maison Rouge, 2017, p. 170-179
  • Thibaud Croisy, « Une folle au pays des merveilles », postface au Bal des folles de Copi, Christian Bourgois éditeur, 2021, p. 165-189
  • Thibaud Croisy, « Homosexuel, vraiment ? », postface à L'Homosexuel ou la difficulté de s'exprimer suivi des Quatre Jumelles, Christian Bourgois éditeur, 2022, p. 119-156
  • Thibaud Croisy, « Copi ou la difficulté de l'éditer », Trou Noir, mis en ligne le 28 avril 2022
  • Thibaud Croisy, « Se travestir par la parole – Le travestissement dans l'œuvre de Copi », Artcena, mis en ligne le 6 septembre 2022

Articles connexes

Liens externes

Médias utilisés sur cette page

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Drapeau arc-en-ciel. Symbole homosexuel.
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Drapeau arc-en-ciel. Symbole homosexuel.
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Copi y Susana Giménez en la revista Gente del 24 de julio de 1969.